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Des universitaires turcs jugés pour "propagande terroriste" libérés

Quatre universitaires turcs qui comparaissaient vendredi pour "propagande terroriste" en raison d’une pétition qu’ils avaient signée ont été libérés. Leur procès pourrait néanmoins se poursuivre sur la base de nouvelles accusations.

Quatre universitaires ont été remis en liberté en Turquie, vendredi 22 avril, après avoir comparu pour "propagande terroriste" en raison d’une pétition lue et signée en public. Le texte dénonçait des "massacres" imputés aux forces de sécurité turques pendant des opérations contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans plusieurs villes sous couvre-feu.

Détenus depuis le mois dernier, les quatre intellectuels n'ont pas été acquittés, mais libérés dans l'attente de possibles poursuites "selon l'article 301 du code pénal turc" relatif aux insultes envers la Turquie, l'identité turque et les institutions turques, ce qui nécessite l'aval du ministre de la Justice, a expliqué Benan Molu, avocate au barreau d'Istanbul.

La prochaine audience est fixée au 27 septembre, a indiqué Me Molu.

En janvier, plus de 1 200 intellectuels turcs et étrangers avaient signé cette pétition, suscitant la fureur du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan qui avait promis que les pétitionnaires paieraient le "prix" de leur "trahison".

>> À lire sur France 24 : "Turquie : arrestations en série d'intellectuels après un appel au dialogue avec le PKK"

Dans la foulée, des procédures judiciaires avaient été déclenchées dans toute la Turquie et une vingtaine d'universitaires placés en garde à vue, ravivant dans ce pays comme à l'étranger les critiques sur les atteintes à la liberté d'expression sous le président Erdogan.

"Vous pouvez trouver notre pétition ridicule"

"Nous n'avons pas réussi à étouffer la voix de notre conscience", avait déclaré au tribunal l'un des universitaires, Muzaffer Kaya, cité par l'agence de presse Dogan. "Vous pouvez trouver notre pétition ridicule, mais vous ne pourrez jamais dire que nous faisons de la propagande terroriste. [...] Je demande mon acquittement."

Hasard du calendrier judiciaire, la troisième audience du procès à huis clos de deux journalistes du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, s'est déroulée juste avant celle des universitaires dans le même palais de justice d'Istanbul. Ils sont accusés d'espionnage, de divulgation de secrets d'État et de tentative de coup d'État et risquent la prison à vie.

Au moins 500 personnes, dont de nombreux universitaires, s'étaient rassemblées devant le bâtiment, a rapporté un journaliste de l'AFP, aux cris de "Liberté à nos stylos" et "Fiers de nos universitaires".

"Un pas de plus vers l'acquittement"

Au cours de cette audience, le tribunal a rejeté la demande de l'accusation qui voulait fusionner le dossier des journalistes avec une affaire d'écoutes massives impliquant d'anciens magistrats et des membres des services de renseignement soupçonnés d'être proches du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire de Recep Tayip Erdogan.

"Leur plan a volé en éclats. Nous sommes des journalistes et n'avons rien à voir avec cette affaire (...) Je pense que nous avons fait un pas de plus vers l'acquittement", s'est félicité à la sortie du tribunal Can Dündar. La prochaine audience est prévue le 6 mai.

Avec AFP