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Clôture de la campagne sur fond de polémique

La campagne électorale pour la présidentielle iranienne s'est achevée, ce jeudi. À la veille du scrutin, la polémique née entre l'ex-président Rafsandjani et le président sortant Mahmoud Ahmadinejad, qui brigue un second mandat, se poursuit.

AFP - La campagne présidentielle a pris mercredi un tour polémique en Iran avec l'avertissement sans précédent de l'ex-président Rafsandjani au guide suprême Ali Khamenei sur de possibles troubles s'il reste silencieux dans le conflit l'opposant au président sortant Mahmoud Ahmadinejad.

Ce dernier a accusé M. Rafsandjani et son fils Mohsen de corruption au cours d'un récent débat télévisé contre Mir Hossein Moussavi, son principal adversaire pour le scrutin de vendredi.


M. Rafsandjani s'est vu refuser un droit de réponse par la télévision d'Etat, dont le directeur est nommé par le guide suprême, au motif qu'il n'est pas candidat à l'élection.

En revanche, le président Ahmadinejad a obtenu un temps d'antenne mercredi soir pour démentir les "allégations" de ses adversaires qui contestaient notamment son bilan économique.

Les trois autres candidats ont décliné une offre comparable de la télévision, qui a attribué presque 20 minutes à M. Ahmadinejad mais ne proposait que 103 secondes à M. Moussavi, 76,5 secondes au réformateur Mehdi Karoubi et 70 secondes au conservateur Mohsen Rezaï, selon un proche de M. Karoubi.

"Nous avons accompli beaucoup de choses", a affirmé M. Ahmadinejad en réponse à ses adversaires qui l'ont accusé de mentir sur les performances de son gouvernement.

Il est aussi revenu sur un épisode plus polémique du débat télévisé contre Mir Hossein Moussavi, au cours duquel il a accusé l'épouse de celui-ci, Zahra Rahnavard, d'avoir obtenu illégalement son diplôme de docteur en sciences politiques.

Il ne s'agit "pas d'une affaire personnelle" a maintenu le président mercredi. "C'est illégal, et je veux que les gens le sachent", a-t-il insisté.

Il a aussi attaqué à nouveau, mais implicitement cette fois, M. Rafsandjani, qui a créé le réseau

universitaire où Zahra Rahnavard a obtenu son diplôme.

Tout au long de la campagne, le président a lié M. Moussavi à M. Rafsandjani, qu'il avait battu au deuxième tour de la présidentielle de 2005 et qu'il a accusé nommément d'orchestrer la campagne de son adversaire.

En réponse, dans une lettre à l'ayatollah Khamenei publiée mercredi par la presse, M. Rafsandjani explique avoir "dit à M. Ahmadinejad de rétracter toutes ses allégations contre (lui) et (son) fils pour éviter des poursuites judiciaires".

Il indique aussi avoir "demandé à la radio-télévision d'accorder un droit de réponse à ceux qui ont été accusés". "Mais ces deux suggestions n'ont pas été acceptées et le guide a choisi de garder le silence", déplore M. Rafsandjani.

L'ex-président (1989-1997) est actuellement chef du Conseil de discernement, l'équivalent d'un Conseil constitutionnel.

Dans son courrier, il engage encore le guide "à prendre toute mesure que vous jugerez nécessaire pour en finir avec cette mutinerie (d'Ahmadinejad) et éteindre l'incendie dont la fumée se dégage déjà".

Il évoque le risque qu'"une partie des gens, groupes et partis ne supportent pas cette situation". "Des volcans, dont on voit des exemples dans les manifestations et les universités, apparaîtront dans la société", prévient-il.

Le guide suprême avait assuré avant la campagne électorale qu'il ne soutiendrait aucun candidat. Mais il avait aussi dressé un profil du président idéal conforme à celui que se donne M. Ahmadinejad.

Le président sortant a mené campagne sur le thème de la lutte contre les "profiteurs" du régime, accusant nommément des personnages de premier plan d'avoir bénéficié financièrement de leurs positions, une première durant une campagne en Iran.