
Photo d'archive. Paul Magnier lors de sa victoire au Tour d'Oman en février 2024. © Anne-Christine Poujoulat, AFP
Il n'a que 21 ans et il affole déjà les compteurs. Celui de la vitesse déjà, quand il lance ses sprints lors des arrivées massives. Mais aussi celui des statistiques : Paul Magnier a décroché, jeudi 16 octobre, la 17e victoire de sa saison au Tour du Guangxi, en Chine.
Malgré son jeune âge, il est donc désormais le coureur français le plus victorieux depuis le début de l'ère World Tour (2005), effaçant des tablettes la saison 2014 du néo-retraité Arnaud Démare. Il faut remonter à Laurent Jalabert en 1997 pour trouver un coureur français ayant engrangé plus de victoires sur une saison (19 victoires)
Sur l'année 2025, un seul homme a fait mieux. Et encore, on le dit plus alien qu'humain : l'ogre slovène Tadej Pogacar qui, dans la lignée de 2024, a décroché 20 victoires cette année, dont le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de France, les championnats du monde et d'Europe ou encore le Tour de Lombardie.
Le Français peut tout de même se targuer d'être le seul coureur en 2025 à avoir réussi un triplé d'étapes consécutives en World Tour.
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Accepter Gérer mes choixNé aux États-Unis, révélé en Belgique
Paul Magnier est français, même s'il est né aux États-Unis, dans la ville frontalière de Laredo. Son père, Laurenty, travaille alors dans l’industrie automobile, avant de ramener la famille en France, à Besançon puis Grenoble.
C'est d'ailleurs sous l'impulsion de son père, ancien coureur amateur au Vélo Club de Vaulx-en-Velin, que Paul Magniers'intéresse au vélo. Mais c'est davantage le VTT et le cyclo-cross qui retiennent son attention dans un premier temps. C'est d'ailleurs pour cela qu'il signe pour l'équipe britannique Trinity, qui lui permet de rester multidisciplinaire.
Il fait partie de cette nouvelle génération de coureurs français qui ne craint pas de quitter l'Hexagone pour vivre ses rêves de victoires. Il opte ainsi pour la formation belge Soudal-Quick Step en janvier 2024, touché entre autres par la sollicitude des décideurs belges au moment où une mononucléose aurait pu remettre en cause sa carrière naissante l'année précédente.
"[C'est] une des meilleures équipes du monde. Les équipes françaises, je ne dirais pas qu'elles ont du retard, mais c'est différent. D'après les retours que j'ai eus, c'est beaucoup plus professionnel ici, dans la recherche de la performance et cet esprit de vouloir gagner tous ensemble, de tout donner pour un seul leader sur chaque course", expliquait-il alors dans l'Équipe.
Son aventure belge commence parfaitement avec une victoire au Trofeo Ses Salines-Felanitx en janvier 2024, mais sa saison inaugurale s'arrête brutalement en septembre avec une commotion cérébrale sur le Tour de Grande-Bretagne alors qu'il avait levé trois fois les bras en cinq étapes.
Un Giro compliqué, puis l'explosion
Pas de quoi stopper la fusée française. Il débute 2025 avec une victoire sur l’Étoile de Bessèges pour sa première course de l’année. Le natif du Texas participe ensuite à son premier Grand Tour en prenant le départ du Giro.
L'apprentissage y est plus difficile. S'il réalise plusieurs top 10 lors des sprints, il abandonne en troisième semaine. Insuffisant pour Patrick Lefevère, le fondateur de la formation et directeur sportif légendaire, qui sort de se retraite pour lancer une vacherie sur le sprinteur : "Le Giro n'est pas l'Étoile de Bessèges."
Paul Magnier encaisse et revient déterminé. Trois succès en Belgique en juin puis, le 7 août, il décroche sa première victoire en World Tour sur la 4e étape du Tour de Pologne. Le début d'une folle fin d'année.
En un mois, entre septembre et octobre, le plus français des Texans s’offre douze bouquets : le Grand Prix de Fourmies, quatre étapes sur le Tour de Slovénie, quatre sur le Tour de Croatie et trois cette semaine en Chine.
De quoi se faire un nom dans le circuit du cyclisme international, lui qui bénéficie déjà d'une bonne cote sur les réseaux sociaux. Il s'affiche en effet régulièrement sur les vidéos de sa compagne, Orlane LVR, influenceuse cycliste suivie par plus de 360 000 personnes sur TikTok. Ce qui lui permet de bénéficier d'une popularité dépassant des cadres du peloton, d'un cyclisme à l'image vieillissante.
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Accepter Gérer mes choixDes victoires de second rang ?
Les mauvaises langues diront que le Français ne performe que sur les courses de second rang, et non face à des plateaux contenant le gratin du sprint mondial.
"C’est quand même significatif. Certes, il faut pondérer avec la valeur des victoires. Il le disait lui-même au Tour de Slovaquie. Mais comme il disait aussi, il faut quand même les gagner ces courses-là. On ne gagne pas 14 courses comme ça dans l’année", répond Nicolas Frisch, consultant cyclisme pour Eurosport.
Son ambition : le maillot jaune et des classiques
Son potentiel demande désormais à être confirmé au plus haut niveau. Mais Paul Magnier a le soutien de son équipe, qui se verrait bien faire de lui sa tête d'affiche avec le départ de Remco Evenepoel pour Red Bull-Bora-Hansgrohe en 2026.
Et les sprints massifs ne sont pas le seul terrain où il pourrait être employé : "Pour moi, Paul n'est pas un pur sprinteur. Sur les montées courtes, les pavés... Il a vraiment le physique d'un Van der Poel ou Van Aert", analyse dans l'Équipe Frederick Broché, son entraîneur chez Soudal Quick-Step.
Si on sort du jargon cycliste, il faut comprendre qu'avec 70 kg pour 1 m 87, il a le potentiel pour être performant sur les classiques du printemps tels que le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix, courses tout aussi légendaires que le Tour de France pour les amoureux du vélo.
"Il a le talent pour gagner dans différentes configurations, résume son entraîneur. Il peut encore progresser sur les efforts un peu plus longs, mais ça viendra avec le temps."
Des ambitions qui ne déplaisent pas à l'intéressé, qui n'a jamais caché ses envies de triomphe sur ces courses, ainsi que son envie de porter un jour le maillot jaune.
Entre Magnier et Seixas, le cyclisme français et les Paul ont de beaux jours devant eux.