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Inondations en Indonésie : plus de 900 morts, la famine menace les zones reculées
Plus de 900 personnes ont péri dans les inondations et glissements de terrain dévastateurs qui ont frappé l'île indonésienne de Sumatra, selon un bilan actualisé publié samedi par l'agence nationale de gestion des catastrophes. Un bilan qui pourrait être alourdi par la faim qui menace des villages reculés dans certaines zones inaccessibles.
Des survivants trouvent refuge dans une cabane de fortune dans une zone dévastée par des inondations soudaines à Aceh Tamiang, sur l'île de Sumatra, en Indonésie, le 5 décembre 2025. © Binsar Bakkara, AP

Des inondations et des glissements de terrain dévastateurs ont fait plus de 900 morts sur l'île indonésienne de Sumatra, a annoncé samedi 6 décembre l'agence nationale de gestion des catastrophes, et il est à craindre que la famine n'aggrave encore ce bilan.

La série de tempêtes tropicales et de pluies de mousson qui s'est abattue sur cette région de l'Asie, provoquant des glissements de terrain et des crues soudaines, a tué depuis la semaine dernière quelque 1 790 personnes en Indonésie, au Sri Lanka, en Malaisie, en Thaïlande et au Vietnam.

Parmi les victimes, 908 personnes sont mortes à Sumatra, la grande île de l'ouest de l'Indonésie, selon un bilan actualisé publié samedi par l'agence nationale de gestion des catastrophes, et 410 autres sont toujours portées disparues.

Ce bilan pourrait être alourdi par la faim qui menace les villages et les "zones [qui] restent inaccessibles dans les régions reculées d'Aceh [à la pointe nord de Sumatra]", s'est inquiété Muzakir Manaf, le gouverneur de cette province "complètement détruite, du nord au sud, des routes à la mer".

"De nombreuses personnes ont besoin de produits de première nécessité", a-t-il déclaré à la presse. "Les gens ne meurent pas à cause des inondations, mais à cause de la faim."

D'après l'agence météorologique indonésienne, la pluie pourrait revenir samedi dans les provinces d'Aceh et du nord de Sumatra, où l'eau et la boue ont enseveli les maisons.

L'état de catastrophe naturelle toujours pas déclaré

Fachrul Rozi, victime des inondations à Aceh, a raconté avoir passé la semaine dernière entassé dans un vieux magasin avec d'autres personnes ayant fui la montée des eaux. "Nous mangions ce que nous trouvions, en nous entraidant avec les maigres provisions que chacun avait apportées", a-t-il dit à l'AFP. "Nous dormions entassés les uns sur les autres."

Munawar Liza Zainal, habitant d'Aceh, se sent "trahi" par le gouvernement indonésien, qui n'a jusqu'à présent pas déclaré l'état de catastrophe nationale, malgré les pressions. "C'est une catastrophe extraordinaire qui doit être traitée avec des mesures extraordinaires", insiste auprès de l'AFP l'homme, frustré comme de nombreuses autres victimes.

Selon certains experts, Jakarta pourrait hésiter à déclarer l'état de catastrophe nationale, et donc à solliciter l'aide internationale, ce qui traduirait son incapacité à faire face seule à cet évènement.

Au Sri Lanka, île au sud de l'Inde qui a sollicité l'aide internationale cette semaine, Colombo a confirmé un bilan de 607 morts et 214 disparus, présumés morts, dans ce que le président Anura Kumara Dissanayake a qualifié de catastrophe naturelle la plus grave jamais connue par le pays.

Plus de deux millions de personnes, soit près de 10 % de la population, ont été touchées.

Les rescapés recevront jusqu'à dix millions de roupies (33 000 dollars) pour acquérir un terrain dans un endroit plus sûr et construire une nouvelle maison, a promis vendredi soir le ministère des Finances dans un communiqué.

Le gouvernement offre également un million de roupies (3 300 dollars) à titre d'indemnisation aux proches de chaque personne décédée ou handicapée.

Le Centre de gestion des catastrophes (DMC) a indiqué que plus de 71 000 maisons avaient été endommagées, et que de nouvelles précipitations sont attendues samedi.

Le Fonds monétaire international (FMI) a déclaré examiner la demande du Sri Lanka visant à obtenir 200 millions de dollars supplémentaires, en plus de la tranche de 347 millions de dollars que le pays devait déjà recevoir ce mois-ci.

Avec AFP