Estimant que les objectifs poursuivis par la Russie en Syrie avaient été atteints, Vladimir Poutine a ordonné le retrait de la majeure partie des forces russes du pays. Une décision prise avec l'accord de Bachar al-Assad, précise Moscou.
À la surprise générale, le président russe, Vladimir Poutine, a ordonné, lundi 14 mars, au ministère de la Défense d'entamer mardi le processus de retrait de la majeure partie des forces russes de Syrie.
"La tâche qui avait été demandée à notre ministère de la Défense et aux forces armées a été globalement accomplie et j'ordonne donc au ministère de la Défense d'entamer à partir de demain le retrait de la majeure partie de nos contingents militaires de la République arabe syrienne", a indiqué le chef de l’État à la télévision.
"Néanmoins, pour permettre la surveillance de la trêve dans les combats, la partie russe conserve sur le territoire syrien un site de maintenance de vols", précise un communiqué du Kremlin.
La présidence russe ne précise pas quels types d'aéronefs assurent cette surveillance mais depuis l'entrée en vigueur de la trêve le 27 février, les militaires russes ont eu recours à des drones déployés sur la base aérienne de Hmeïmim, dans la province de Lattaquié, dans le nord-ouest de la Syrie. Elle ne dit pas non plus si des avions de combat resteront basés en Syrie.
Depuis septembre, Moscou y a déployé plus de cinquante avions de combat qui ont visé des milliers de "cibles terroristes" en cinq mois de raids aériens intenses.
La marine russe a également fait étalage de toute sa puissance, tirant à partir de navires de guerre déployés dans la mer Caspienne ou de sous-marins dans la Méditerranée.
La force de frappe russe a permis à l'armée syrienne d'engranger des victoires alors qu'elle se trouvait en mauvaise posture l'été dernier. Les Occidentaux ont toutefois accusé la Russie de privilégier, notamment pendant les premiers mois, les frappes sur les rebelles plutôt que sur l'organisation État islamique (EI).
"Augmenter la pression" sur Assad
Le Kremlin indique que la décision du président russe fait l'objet d'un accord avec son homologue syrien Bachar al-Assad : "Les dirigeants ont souligné que l'intervention des forces aériennes russes avait permis de radicalement changer la situation dans la lutte contre le terrorisme, de désorganiser les infrastructures des combattants [ennemis] et de leur porter un coup important".
La Maison Blanche a quant à elle fait savoir que Vladimir Poutine avait également évoqué le retrait partiel des troupes russes avec le président américan, Barack Obama.
À Berlin, on considère que ce retrait devrait contribuer à "augmenter la pression" sur Bachar al-Assad. "Si les annonces d'un retrait des troupes russes se concrétisent, cela augmente la pression sur le régime du président Assad pour négocier enfin de façon sérieuse à Genève une transition politique qui préserve la stabilité de l'État syrien et les intérêts de toutes les populations", a estimé le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, dans un communiqué.
L'annonce surprise de Vladimir Poutine est intervenue quelques heures après le début à Genève d'un nouveau cycle de négociations entre des représentants du régime syrien et de la très hétéroclite opposition syrienne.
Le président russe a précisé que, sur le plan diplomatique, Moscou allait intensifier ses efforts en vue de parvenir à un règlement négocié du conflit syrien, qui dure depuis cinq ans et a fait plus de 250 000 morts.
Avec AFP et Reuters