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Zika : première preuve d’un lien entre le virus et la microcéphalie du fœtus

Des chercheurs ont montré dans une étude publiée vendredi qu’un lien avait pu être établi entre le virus Zika et la microcéphalie du fœtus dont souffrent de nombreux nouveau-nés en Amérique du Sud.

Jusque-là, le virus Zika n’était que fortement soupçonné d’être à l’origine des cas de microcéphalies - une taille anormalement petite du crâne et du cerveau des nouveau-nés - sur des fœtus dont la mère avait été piquée par un moustique Aedes.

Pour la première fois, des chercheurs ont démontré que le virus Zika attaque et détruit des cellules cérébrales humaines en développement, selon une étude publiée vendredi 4 mars dans la revue américaine "Cell Stem Cell".

Pour en arriver à ce résultat, les chercheurs ont travaillé avec des cellules souches humaines cultivées in-vitro. Ils ont déterminé que le virus infecte de façon sélective les cellules souches qui forment le cortex cérébral, les empêchant de se diviser normalement pour former de nouvelles cellules, ce qui entraîne leur destruction.

"Les études menées sur des fœtus et des nouveau-nés atteints de microcéphalie dans les zones géographiques touchées par l'infection de Zika, avaient mis en évidence des anomalies dans le cortex et le virus avait aussi été découvert dans des tissus foetaux", explique dans un communiqué Guo-li Ming, professeur de neurologie à l'Institut d'ingénierie cellulaire à l'Université Johns Hopkins dans le Maryland, co-auteur de cette étude.

"Mettre au point de nouvelles thérapies potentielles"

Parmi les cellules testées par les chercheurs se trouvaient des cellules neuronales progénitrices, essentielles au développement du cortex cérébral du fœtus. Comme anticipé, le virus Zika a attaqué ces cellules et après trois jours, 90 % étaient infectées et près d'un tiers ont été détruites. Certaines cellules infectées ont été aussi utilisées par le Zika pour produire de nouvelles copies de lui-même.

De plus, les gènes qui, normalement, se mobilisent pour combattre des agents viraux envahisseurs n'ont pas fonctionné ce qui est très inhabituel, soulignent ces scientifiques.

"Maintenant que nous savons comment ces cellules neuronales formant le cortex cérébral sont vulnérables au Zika, elles pourraient aussi être utilisées pour un dépistage rapide de l'infection et pour mettre au point de nouvelles thérapies potentielles", explique Hongjun Song, également chercheur de l'Institut d'ingénierie cellulaire et co-auteur de l'étude.

En dehors du fœtus, le virus Zika lui-même, transmis le plus souvent par la piqûre d'un moustique, ne présente pas de danger, provoquant dans le pire des cas des symptômes de rhume ou de légère grippe, passant même parfois inaperçu.

Mais avec sa propagation rapide dans plus d'une quarantaine de pays, surtout l'Amérique du Sud et les Caraïbes, on le suspecte d'être responsable du nombre inhabituellement élevé des cas de microcéphalie et d'autres syndromes graves, en particulier le syndrome de Guillain-Barré, qui attaque le système nerveux

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À ce jour au Brésil, pays le plus touché par l'épidémie, 583 cas de microcéphalie ont été confirmés depuis octobre 2015, soit quatre fois plus que la moyenne annuelle historique.

Avec AFP