
Cent ans après les inondations de 1910, la région parisienne s’attend à revivre une importante montée des eaux. Un exercice de préparation grandeur nature se déroule du 7 au 18 mars en Île-de-France. Un scénario visible en vidéos.
C’est un peu le "Big One" des Franciliens. Depuis les inondations records de 1910 qui plongèrent une partie de Paris sous les eaux, les habitants de la capitale et de sa périphérie s’attendent à vivre une crue centennale de la Seine. Qu’on ne s’y méprenne pas : une "crue centennale" ne signifie pas qu’elle a lieu tous les 100 ans mais qu’elle a une chance sur 100 de se produire chaque année. Ce qui n’est pas plus rassurant... et demande un minimum de préparation pour les pouvoirs publics.
Du 7 au 18 mars, la préfecture de police chapeaute l’exercice Sequana 2016, une répétition grandeur nature des manœuvres nécessaires en cas d’une importante montée des eaux en Île-de-France, l’un des régions de l’Hexagone à plus haut risque d’inondation. Dans plusieurs vidéos de simulation 3D, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) met en images le scénario catastrophe : la quasi-totalité d’Alfortville sous les eaux, la moitié de Choisy-le-Roi inondés, les ponts reliant la banlieue ouest à la capitale devenus impraticables… Dans Paris, même spectacle de désolation : la pyramide du Louvre et la tour Eiffel cernées par les eaux, une partie du jardin des Tuileries submergée…
Une crue de huit mètres
Le lancement des opérations, lundi 7 mars, à la Maison de la radio en présence du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et du préfet de police de Paris, Michel Cadot. À partir de cet instant, le scénario prévoit une montée des eaux quotidienne de 50 cm pour atteindre plus de huit mètres. Au troisième jour, la cellule de crise sera activée. Car au fur et à mesure que l'eau monte, la situation s'aggrave : les transports sont perturbés, les hôpitaux ont les pieds dans l'eau et les rats fuient les sous-sols inondés…
L'opération se déroulera sur cinq départements franciliens avec 900 sauveteurs, 150 personnels des forces de police, 40 véhicules de sécurité civile dont 20 véhicules lourds et quatre hélicoptères. Sequana mobilisera également 87 institutions et entreprises (Assistance publique-Hôpitaux de Paris, EDF, SNCF, opérateurs téléphoniques, Total, Veolia, etc.).
La RATP va "emmurer" une station de métro pour empêcher l'eau d'y pénétrer. La radio France Bleu diffusera des flashs d'information fictifs. "Cet exercice va permettre de réexpliquer aux gens qu'il y a de fortes chances que cela arrive un jour et que collectivement il vaut mieux s'y préparer", explique à l’AFP le préfet Jean-Paul Kihl, secrétaire général de la zone de défense et de sécurité de Paris.
Entre 17 et 20 milliards d’euros de dégâts
"Une crue centennale sur le même niveau d'élévation du fleuve qu'en 1910, en Île-de-France, se traduirait par 500 km2 de territoire sous l'eau, 830 000 habitants résidant en zone inondable et plusieurs millions d'habitants dont les conditions de vie seraient dégradées", selon Michel Cadot. Le tableau est effectivement peu réjouissant : plus de courant électrique ni d’eau potable, pas plus de chauffage urbain, de transports collectifs ou de téléphone.
Quelque "435 000 logements seraient exposés […] dont plus de 48 %" immergés dans plus d'un mètre d'eau, selon l’IAU. Environ 100 000 établissements (grandes entreprises, PME, PMI, commerces...) se retrouveraient dans la zone inondable, soit 750 000 emplois. Comme le rapporte le journal Libération, la crue centennale pourrait entraîner entre 17 et 20 milliards d’euros de dégâts.
La Joconde au sec
Quid des trésors que recèlent Paris et ses musées ? "Aujourd'hui, tous les musées ont des plans de mise à l'abri de leurs œuvres. On a beaucoup de musées qui seraient impactés : le Louvre, le musée d'Orsay, la Bibliothèque nationale... Tout cela fait partie de l'obligation de chacun de se préparer et en particulier les organismes publics", rappelle Jean-Paul Kihl. Le musée d'Orsay participe à l'exercice.
En ce qui concerne les particuliers, la Mairie de Paris donne également quelques conseils sur son site Internet : avoir des lampes électriques et une radio à piles, couper l'électricité et le gaz ou encore se tenir prêt à évacuer avec ses papiers d'identité à la demande des autorités.
Pas de panique toutefois. Toujours selon Libération, les chances pour que la "crue" tant redoutée intervienne cette année sont très minces. Au pont d’Austerlitz, qui constitue à ce jour le marquage de référence, le niveau de la Seine s’élève à seulement 1,30 mètre. Pas encore de quoi faire sortir le fleuve de son lit. "À moins, comme l’écrit le quotidien, d’un épisode météorologique inattendu d’ici au printemps…"
Avec AFP