Le président du Conseil européen, Donald Tusk, s’est entretenu avec le Premier ministre turc jeudi sur la question des migrants. Il a insisté sur la mise en œuvre de l'accord conclu entre l’UE et la Turquie pour ralentir l'afflux de réfugiés.
À quatre jours d'un sommet crucial entre l’
(UE) et la Turquie sur la crise migratoire, le président du Conseil européen
s’est rendu jeudi 3 mars à Ankara. Il y a rencontré le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu pour le convaincre d'aider à réduire le nombre de migrants arrivant en Europe via la
. À l’issue de leur entretien, Donald Tusk a jugé que le flot des migrants entre la Turquie et l'Union européenne restait "encore beaucoup trop élevé". Il a cependant a salué les efforts déjà accomplis par les Turcs pour tenter d'enrayer les départs de leurs côtes vers la Grèce voisine, notamment par le renforcement des patrouilles maritimes et du régime des visas, et s'est refusé à leur donner des conseils.
De son côté, Ahmet Davutoglu a déploré que cette crise soit laissée à la seule responsabilité de son pays et de la Grèce. Selon lui, le flux de migrants vers l’Europe via la Turquie baissera si une trêve se révèle durable en Syrie. "Ni la Turquie, ni l'Europe ne sont responsables de la crise syrienne. Mais c'est la Turquie et l'UE qui en subissent les conséquences", a déploré le Premier ministre, tout en répétant que son pays était déterminé à "faire tout ce qui était nécessaire" pour lutter contre les migrations clandestines.
Un peu plus tôt dans la journée, Donald Tusk s’était également entretenu à ce sujet avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, alors que plus de 10 000 migrants sont toujours bloqués à la frontière entre la Grèce et la Macédoine. Après leur rencontre, il a exhorté les migrants économiques à ne plus venir en Europe. "Ne venez pas en Europe. Ne croyez pas les passeurs. Ne risquez pas vos vies et votre argent. Tout cela ne servira à rien", a-t-il déclaré.
"Ni la Grèce, ni aucun autre pays européen ne pourront continuer à être des pays de transit". "Les réglementations de Schengen seront à nouveau appliquées", a-t-il prévenu, réitérant des propos tenus mercredi, en Slovénie. Le président du Conseil européen avait alors estimé qu'un retour aux dispositions de la zone Schengen, incluant des contrôles rigoureux à ses frontières extérieures, était une condition "préalable" à une solution à la crise des migrants, sur le point de se transformer en crise humanitaire.
Tusk appelle à la solidarité entre pays européens
Donald Tusk a également critiqué les actions "unilatérales" de certains pays de l'UE qui ont imposé des quotas à l'entrée de leurs territoires. "Des décisions unilatérales sans une coordination préalable, même si elles sont compréhensibles dans un contexte national, portent atteinte à l'esprit européen de solidarité", a-t-il dénoncé.
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La Grèce a, à plusieurs reprises, protesté contre ces restrictions, surtout contre l'Autriche, qui a initié ces quotas, selon Athènes, avant d'être suivie par d'autres pays sur la route des Balkans. La fermeture partielle des frontières sur cette route, empruntée par les réfugiés qui veulent rejoindre l'Europe du Nord, a piégé des milliers de personnes en Grèce, faisant planer, selon l'ONU, la menace d'une crise humanitaire imminente.
130 000 migrants arrivés en Europe depuis janvier
Incapables d'apporter une réponse coordonnée, les Européens n'en finissent plus de se déchirer alors que les flux sont loin de diminuer avec plus de 130 000 migrants arrivés en Europe depuis début janvier, selon le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), après un million l'an dernier.
La quasi-totalité sont passés par la Grèce, principale porte d'entrée dans l'UE, à partir des côtes turques où continuent d'affluer des demandeurs d'asile fuyant la guerre en Syrie.
La Grèce, qui abrite actuellement plus de 25 000 migrants, a évalué ses besoins à 480 millions d'euros pour gérer, le cas échéant, l'accueil de 100 000 réfugiés au total. "La Grèce ne peut pas gérer toute seule" le fardeau migratoire, a réitéré Alexis Tsipras face à Donald Tusk, tout en déplorant "la faiblesse" de l'UE à gérer le flux migratoire. "La Grèce paie un prix élevé pour une situation qu'elle n'a pas créée", a répondu le président du Conseil européen.
Pour aider ses États membres en première ligne sur la route des migrants, comme la Grèce, l'UE avait proposé mercredi une aide humanitaire d'urgence de 700 millions d'euros.
Avec AFP