Le démantèlement de la zone sud du camp de migrants de Calais s'est poursuivi mercredi pour la troisième journée consécutive, tandis qu'un rapport pointe les dysfonctionnements du système d'accueil proposé pour les personnes délogées.
Le démantèlement de la partie sud de la "jungle" de Calais s'est poursuivi mercredi 2 mars, pour la troisième journée consécutive, dans le calme mais toujours sous haute sécurité policière. Peu après 8 h 30, les employés de la Sogéa, société mandatée par l'État pour démanteler la partie sud du camp ont repris leurs opérations.
Quelques minutes auparavant, une trentaine de véhicules et deux camions anti-émeutes s'étaient redéployés sur les lieux pour sécuriser les travaux, dont le démarrage lundi avait provoqué des violences. "Une centaine de CRS et 25 policiers encadrent la partie sud du camp", témoigne Alexandra Renard, envoyée spéciale de France 24 à Calais.
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Comme la veille, des maraudes sociales vont à la rencontre des migrants dans les tentes et leur demandent "avec le plus de diplomatie possible", selon notre journaliste, de quitter les lieux. "Ils sont suivis de près par des policiers qui poussent les migrants à l’expulsion si ces derniers refusent de partir", poursuit-elle. La plupart des abris étaient néanmoins déjà vides mercredi matin.
Jusqu'ici, 10 000 m2 ont été évacués et nettoyés sur les sept hectares que compte la partie sud du camp (l’ensemble du site fait 17 hectares). Une progression rapide qui laisse à penser que cette partie du camp pourrait être entièrement évacuée en l’espace d’une semaine.
Lacunes dans l'accueil des migrants
Les personnes évacuées, qui refusent pour la plupart de quitter Calais, se dirigent pour la plupart vers le nord du camp. Certains – migrants ou activistes "no border" – essayent même de résister physiquement à l’évacuation, en restant juchés sur leurs cabanes et tentant "coûte que coûte de rester sur le camp pour tenter la traversée vers l’Angleterre". D’autres acceptent néanmoins de monter dans les cars qui les emmènent vers l’un des 102 centres d'accueil et d'orientation (CAO) en France, où environ 1 000 places sont encore disponibles, selon le préfecture du Pas-de-Calais.
Dans le même temps, la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale) a publié une étude mercredi qui pointe les dysfonctionnements des CAO. Elle dénonce notamment le manque d'information. "Les gens montent dans les cars, ils ne savent pas où ils vont. Les centres sont prévenus au dernier moment de leur arrivée, alors qu'il y a des gens malades", détaille Florent Gueguen, directeur général de la Fnars, qui demande qu'une "évaluation sociale et sanitaire soit menée" pour chaque candidat au départ.
Un quart environ des migrants quittent les centres rapidement après leur arrivée, "notamment pour rejoindre Calais" ou pour une destination inconnue, ajoute l'étude. Ces chiffres divergent par rapport à ceux du ministère de l'Intérieur. "Nous avons accueilli près de 3 000 personnes dans ces CAO depuis octobre" et "85 % ont fait une demande d'asile en France", avait indiqué Bernard Cazeneuve mardi soir.
La fin de la trêve hivernale : une épée de Damoclès
La Fnars s'inquiète également de l'avenir des réfugiés au-delà du 31 mars, puisque "près de la moitié des CAO ayant répondu au questionnaire auront fermé d'ici la fin de la trêve hivernale".
>> Sur France 24 : "La boue au ventre. Immersion dans le camp de migrants de Grande-Synthe"
C'est une "épée de Damoclès" qui pèse sur le système, avec "un risque de reconstitution de campement, à Grande-Synthe, à Calais, à Paris aussi", s'inquiète Florent Gueguen. "Il faut impérativement que l'État reconstitue ces places au printemps", ajoute-t-il car "s'il y a des fermetures avec remise à la rue, l'effet sera catastrophique".