
Magnifique portrait d'une femme de ménage algérienne élevant seule ses deux filles en France, "Fatima" de Philippe Faucon a remporté le César du meilleur film. "Mustang" de la Franco-Turque Deniz Gamze Ergüven récolte quatre récompenses.
Réuni ce 26 février au Théâtre du Châtelet, à Paris, pour la 41e cérémonie des César, le cinéma français a montré un visage cosmopolite incarné par "Fatima", qui a décroché le titre de "meilleur film". Pudique portrait d'une femme de ménage algérienne qui élève seule ses deux filles, le long-métrage de Philippe Faucon a quelque peu créé la surprise bien que le film ait reçu un accueil critique très enthousiaste.
Déjà remarqué avec son précédent film "La Désintégration", Philippe Faucon a fait du questionnement identitaire le centre de son cinéma. "Je viens de gens qui sont venus en France pour apporter leur travail, qui ne parlaient pas français, qui étaient des invisibles. Mes grand-parents et parents étaient espagnols et ne parlaient pas français, ils ont connu cette séparation de la langue comme Fatima dans le film", a raconté le cinéaste après la cérémonie.
"Fatima" permet également à la jeune comédienne Zita Hanrot de remporter le César du meilleur espoir féminin.
"Mustang" en route vers les Oscars
Nommé à neuf reprises, "Mustang", premier film de la Franco-Turc Deniz Gamze Ergüven, a quant à lui décroché quatre récompenses dont ceux du meilleur premier film et du meilleur scénario original. Ce récit, en langue turque, de la rébellion de cinq soeurs que l'oncle veut marier de force représentera la France lors des Oscars dimanche. Son succès aux César annonce-t-il un triomphe à Hollywood ? Deniz Gamze Ergüven préfère ne pas faire de pronostics. "Je ne suis pas très bon devin", a-t-elle commenté.
Le cinéma américain a eu les honneurs de l'Académie en la personne de Michael Douglas à qui le président de la cérémonie, Claude Lelouch, a remis un César d'honneur... le deuxième de sa carrière. L'occasion pour l'acteur de "Basic Instinct" de faire montre de sa maîtrise de la langue française et de son amour pour le cinéma de François Truffaut et de Louis Malle. Durant son allocution, le comédien en a profité, non sans humour, pour demander du travail auprès des réalisateurs français. "Prenez ce discours comme un casting et pensez à moi !", a-t-il lâche depuis la scène du Théâtre du Châtelet.
Michael Douglas : "Aux États-Unis, ce sont les femmes qui sont le moins représentées au cinéma" #Cesar2016 pic.twitter.com/GNpePf2daJ
— Guillaume Guguen (@gu__gu) 26 février 2016Vincent Lindon, lui, a fait coup double. Après son sacre cannois, l'acteur de "La Loi du marché" s'est vu (enfin) décerner le César du meilleur acteur qui lui avait jusqu'alors toujours échappé. Pour son rôle de cantatrice qui chante comme une casserole dans "Marguerite", Catherine Frot part avec un César de la meilleure actrice sous le bras.
A noter également, signe de l'internationalisation croissante des César, le trophée de la meilleure actrice dans un second rôle attribué à la Danoise Sidse Babett Knusden pour son rôle dans "L'Hermine" de Christian Vincent.
La Palme d'or privée de César
On craignant qu'il ne fasse chou blanc. Nommé 11 fois, le génial "Trois souvenirs de ma jeunesse" ne glane qu'une récompense, mais pas la moins prestigieuse : celle du meilleur réalisateur pour Arnaud Desplechin. Une distinction méritée pour l'un des cinéastes les plus singuliers du septième art hexagonal. "D'habitude, mes films sont récompensés par des César décernés aux acteurs. Là, je suis très surpris que ce soit moi qu'on récompense", a affirmé le réalisateur.
La Palme d'or "Dheepan" de Jacques Audiard, elle, repart bredouille de cette 41e cérémonie qui aura été raccourci d'une bonne heure par rapport à l'année précédente. Les organisateurs voulaient que la grand-messe ne dépasse pas minuit. La mission fut accomplie grâce, notamment, à des discours de remerciements plus expéditifs et au dynamisme de la pétulante maîtresse de cérémonie Florence Foresti.