Plusieurs dizaines de camions d'aide humanitaire ont pénétré mercredi dans des villes et localités assiégées en Syrie. Mais à quelques jours d'une "cessation des hostilités", les combats ne connaissent aucun répit.
Plusieurs dizaines de camions d'aide humanitaire ont pénétré mercredi 17 février dans des villes et localités assiégées en Syrie, une première assistance depuis l'accord de Munich sur un accès immédiat aux civils en détresse, alors que la Turquie plaide pour une intervention militaire terrestre avec ses alliés, rendant encore un peu plus improbable une trêve censée entrer en vigueur cette semaine.
L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, en visite à Damas, a obtenu du régime syrien l'autorisation d'envoyer des convois humanitaires vers plusieurs villes où les populations vivent dans des conditions dramatiques.
Un total de 486 700 personnes se trouvent dans des zones assiégées et 4,6 millions dans des zones difficiles d'accès, selon l'Office des Nations unies pour l'aide humanitaire (Ocha).
"Nous sommes en passe de terminer le processus"
"Le convoi a commencé à entrer dans Mouadamiyat al-Cham. Il s'agit de 35 camions transportant 8 800 sacs de farine, 4 400 rations de nourriture, des aliments énergétiques et différents médicaments ainsi que du matériel obstétrical", a affirmé à l'AFP un responsable du Croissant-Rouge, Mouhanad al-Assadi, présent sur place.
"Aujourd'hui, des aides pour 30 000 personnes viennent d'entrer à Moudamiyat al-Cham. Des aides suffisantes pour un mois vont aussi parvenir à 42 000 personnes à Madaya (et ses environs) et près de 1 000 à Zabadani", à la frontière libanaise, a indiqué Yacoub el-Hillo, coordinateur humanitaire de l'ONU.
"Simultanément, des aides suffisantes pour 20 000 personnes sont livrées à Foua et Kafraya", localités chiites assiégées par les rebelles dans le nord-ouest, a-t-il ajouté.
Un convoi de trois camions est ainsi entré à Madaya, a constaté une journaliste de l'AFP. Un premier camion est entré à Foua et Kafraya. "Des dizaines de camions suivront" pour les trois villes, a confié Yacoub el-Hillo à l'AFP, ajoutant : "Nous sommes en passe de terminer le processus".
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Selon une porte-parole de l'Office des Nations unies pour l'aide humanitaire (OCHA), sept zones assiégées, par le régime où des rebelles, devraient être ravitaillées dans les prochains jours.
Alors que la situation humanitaire empire, les combats ne connaissent aucun répit. Mardi soir, au moins quinze civils ont été tués dans des frappes de la coalition internationale conduite par les États-Unis contre une ville du nord-est de la Syrie contrôlée par l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
La Syrie accuse MSF de travailler pour les services de renseignement français
La France, la Grande-Bretagne mais aussi, entre autres, les Pays-Bas et la Turquie font partie de cette coalition réunie pour lutter contre l'EI au moyen de bombardements aériens. Mais la Turquie souhaite aller plus loin et demande une opération terrestre.
Lundi, l'OSDH a fait état de bombardements "probablement russes" visant des écoles et des hôpitaux dans le nord du pays et qui ont fait selon l'ONU près de 50 morts civils dont des enfants. Le Kremlin, qui a "démenti catégoriquement" les accusations de bombardements sur des hôpitaux, a dénoncé les "actions agressives" de la Turquie en Syrie.
Selon un dernier bilan, le raid contre un hôpital soutenu par Médecins sans Frontières (MSF) à Maaret al-Noomane, à 280 km au nord de Damas, a fait onze victimes, dont cinq patients parmi lesquels un enfant. S'exprimant à l'issue de consultations au Conseil de sécurité sur la situation en Syrie, l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar Jaafari, s'en est pris à MSF, accusant l'ONG française de travailler pour les services de renseignement français.
Avec AFP