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Rupture du barrage de Mossoul : le scénario catastrophe qui pèse sur l'Irak

Les risques élevés de rupture du plus grand barrage d'Irak compliquent les plans échafaudés par Bagdad pour tenter de reprendre la ville de Mossoul (nord) aux mains des jihadistes de l'organisation État islamique (EI).

Depuis quelques semaines, l'inquiétude ne cesse de grandir autour du plus grand barrage d’Irak. Cet immense retenue d'eau sur le Tigre, situé à une quarantaine de kilomètres de Mossoul, la deuxième ville d'Irak et capitale de facto de l'organisation de l'État islamique (EI) dans le pays, présente des risques élevés de rupture.

Un conseiller auprès du bureau du Premier ministre irakien Haider al-Abadi a évoqué mercredi 10 février un scénario catastrophe qui verrait Mossoul submergée par une vague géante si le barrage venait à rompre.

Lorsqu'ils en parlent, les experts américains "évoquent fréquemment Katrina", l'ouragan qui a dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005, et prédisent qu'une rupture du barrage "serait mille fois pire", a déclaré ce conseiller à des journalistes.

"S'il rompt, le centre de Mossoul sera englouti par une vague de 12 à 15 mètres", selon lui. "Il disparaîtra simplement et 500 000 personnes seront tuées en quelques heures".

L'impact se ferait sentir en aval du Tigre, notamment à Bagdad, qui pourrait être atteinte par une vague de plusieurs mètres de haut.

"Lancer les premières opérations en direction de Mossoul"

Cet avertissement est lancé alors que les autorités accélèrent les préparatifs pour lancer une offensive de reconquête de Mossoul, contrôlée par l'EI depuis juin 2014.

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L'armée a commencé à déployer des milliers d'hommes sur une base du nord, près de la ville de Makhmur, "afin de lancer les premières opérations en direction de Mossoul", a déclaré lundi à l'AFP un général de brigade sous couvert d'anonymat.

Mais pour le conseiller du Premier ministre, ces préparatifs doivent soigneusement prendre en compte les risques que représente le barrage, qui culmine à 113 mètres de hauteur.

Selon lui, la coalition menée par les États-Unis, qui appuie l'armée par des frappes aériennes, est préoccupée par l'impact qu'une intense campagne de bombardements sur Mossoul et ses environs pourrait avoir sur le barrage.

Par ailleurs, "si l'offensive sur Mossoul se déroule bien, un scénario catastrophe serait que Daech (acronyme arabe de l'EI) puisse viser le barrage en se retirant de Mossoul", a-t-il ajouté.

Aucune date n'a encore été avancée pour cette opération et la reprise de Mossoul n'est pas envisagée avant la fin 2016, voire début 2017, par des généraux irakiens, a récemment indiqué le commandant des forces américaines dans la région, le général Sean MacFarland.

Travaux d'urgence

En déplacement mercredi à Rome, Haider al-Abadia déclaré que son gouvernement avait "la responsabilité morale" de "garantir la sécurité du barrage".

Il a pour cela souhaité que la compagnie italienne Trevi, qui a remporté en janvier l'appel d'offres pour ce chantier, se mette au travail au plus vite.

La priorité des autorités est de solidifier la structure du barrage, dont l'état a empiré depuis l'offensive menée en 2014 par l'EI qui a mis un terme aux opérations de maintenance.

Des ingénieurs américains ont averti, dans un rapport rendu public mardi, que "tous les éléments récoltés au cours des 12 derniers mois indiquent que les risques de rupture du barrage de Mossoul sont bien plus importants que ce qui avait été imaginé".

Opérationnel depuis 1984, le barrage a été construit sur un sol de gypse et de calcaire qui s'érode au contact de l'eau, ce qui a pour effet de creuser des cavités dans ses soubassements.

Le coût des travaux, prévus pour durer plus de deux ans, a été évalué à 284,5 millions d'euros, partiellement financés par la Banque Mondiale.

Avec AFP