
En pleine polémique sur les Oscars jugés "trop blancs", l’actrice franco-américaine a créé un tollé en insinuant qu'être une femme actrice aux États-Unis était plus compliqué qu'être afro-américain. Elle s’est excusée dans un communiqué.
"Parfois j’aimerais être afro-américaine parce que les gens ne les dénigrent pas autant [que les femmes actrices]". Ces propos tenus par l’actrice Julie Delpy, en pleine polémique sur la diversité aux Oscars, embrasent la Toile depuis quelques jours. Alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’absence d’acteurs afro-américains dans les nominations aux Oscars, Julie Delpy – nommée deux fois comme coscénariste pour "Before Midnight" et "Before Sunset" – estime qu’être une femme actrice aux États-Unis est plus compliqué qu’être afro-américaine.
Dans cette interview au site internet The Wrap, publiée le 22 janvier, l’actrice condamne les conditions difficiles des femmes à Hollywood, une industrie qu’elle décrit comme dominée par les hommes. "Le plus dur, c'est d'être une femme. Le féminisme est quelque chose que les gens détestent par-dessus tout. Je pense vraiment qu'il n'y a rien de pire qu'être une femme dans ce milieu."
'Nothing worse than being a woman in this business,' Julie Delpy on diversity #Sundance https://t.co/ULcVxsO0KN https://t.co/nkMNCR5lSE
— TheWrap (@TheWrap) 23 Janvier 2016Tollé sur les réseaux sociaux
Une comparaison entre misogynie et racisme jugée maladroite qui suscite une vague de réactions indignées sur les réseaux sociaux en France et aux États-Unis. "Quelqu’un sait si Julie Delpy est au courant qu’il existe des gens qui sont à la fois noires ET femmes ?", demande une internaute sur Twitter en employant le hashtag #Whitefeminism ou "féminisme blanc" pour dénoncer ce qui est perçu par les afroféministes comme un mouvement excluant les femmes non blanches.
Does anyone know if Julie Delpy knows that there are persons that are both black AND women? SO DUMB ITS CRIMINAL. #whitefeminism
— SaraMichelle Stellar (@upthetwerx) 23 Janvier 2016"Si Julie Delpy était confrontée à un tiers de la misogynoire à laquelle sont confrontées quotidiennement les femmes noires, elle s’enfuirait pour ne jamais revenir", affirme une autre internaute.
If Julie Delpy had to experience even a third of the misogynoir Black women face on the daily, she'd run for the hills. And never come back.
— Film Fatale NYC (@FilmFatale_NYC) 22 Janvier 2016Décidée à un mettre un terme à cette polémique, l’actrice a réagi et présenté ses excuses dans un communiqué de presse diffusé par le magazine Entertainment Weekly lundi 25 janvier.
"Cela n’a jamais été mon intention de minimiser les injustices que subissent les artistes afro-américains et tous les autres gens qui luttent pour avoir des salaires et des droits égaux, bien au contraire", a-t-elle expliqué. "Tout ce que j'essayais de faire, c'était de soulever le problème des inégalités d'opportunités pour les femmes aussi, parce que je suis une femme. Je n'ai jamais eu l'intention de sous-estimer les luttes de quelqu'un d'autre", a-t-elle assuré.
Un rétropédalage qui n’est pas sans rappeler celui de Charlotte Rampling quelques jours plus tôt. L’actrice s’est elle aussi retrouvée sous le feu des critiques suite à ces déclarations condamnant le boycott des Oscars initié par Spike Lee comme du "racisme anti-blanc". Avant de s’excuser en assurant : "La diversité dans notre industrie est une question complexe que l’on doit aborder".
Depuis l’annonce des nominations pour la 87e cérémonie des Oscars, les polémiques s’enchaînent sur la question de la diversité dans le cinéma américain. Un débat fructueux puisque l’Académie des Oscars a annoncé une série de mesures historiques visant à doubler d’ici 2020 le nombre de ses membres féminins ou provenant de minorités ethniques. Une étude publiée par le Los Angeles Times révélait en 2012 que près de 94 % des membres de l’Académie étaient des Blancs, et 77 % des hommes.