En Amérique latine, le virus Zika sème la panique. Transmis par le moustique tigre, il est notamment dangereux pour les femmes enceintes car il peut entraîner de graves malformations chez le fœtus.
Une simple piqûre de moustique et, quelques mois plus tard, un bébé qui naît avec une boîte crânienne anormalement petite : en Amérique latine, le virus Zika commence à semer la panique, avec la recommandation inédite, dans plusieurs pays, d'éviter toute grossesse.
Arrivé l'an dernier sur le continent, le Zika s'est propagé à grande vitesse dans la région, où le moustique tigre, qui transmet aussi la dengue et le chikungunya, est omniprésent, explique Sylvain Aldighieri, chef du département des maladies transmissibles de l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS).
L'infection en elle-même semble inoffensive : non contagieuse, elle se manifeste par des symptômes grippaux (fièvre, maux de tête, courbatures) avec des éruptions cutanées, qui apparaissent dans les trois à douze jours qui suivent la piqûre par le moustique. Dans 80 % des cas, la maladie, rarement mortelle, passe inaperçue. Il n'existe pas de traitement curatif, ni de vaccin, seulement des traitements des symptômes.
Le plus grand danger est pour les femmes enceintes et leur bébé, contaminé via le placenta, qui peut alors contacter une anomalie congénitale rare, la microcéphalie, une malforrmation de la tête qui altère le développement intellectuel.
Il y a trois mois, quand les premières informations sur un lien entre ce virus et la microcéphalie ont paru au Brésil, pays le plus touché de la zone, Jacinta Silva Goes apprenait qu'elle attendait son troisième enfant. "J'ai très peur", a confié à l'AFP cette employée domestique de Sao Paulo, qui ne sait pas comment se protéger face au moustique tigre, vecteur du virus.
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"Pour l'instant, je n'utilise pas d'antimoustique car le médecin ne m'a pas parlé du virus Zika. Tant qu'il ne me dit pas quoi faire, je ne peux rien décider par moi-même car ça peut être dangereux pour le bébé", a ajouté cette femme de 39 ans.
Au Brésil, les cas de microcéphalie chez le nourrisson se sont multipliés : 3 174 cas y ont été recensés en 2015. Ils seraient liés au virus Zika contracté par la mère, selon le ministère de la Santé.
"Le lien entre Zika et microcéphalie (...) est encore à l'étude", a pour sa part expliqué le porte-parole de l'OMS, Christian Lindmeier, précisant que la malformation peut être due à plusieurs facteurs mais que le virus "semble être le principal suspect".
"Éviter les grossesses"
Dans toute la région, les craintes face au virus ont entraîné diverses mesures, comme la fumigation du plus grand cimetière de Lima, la capitale péruvienne. Des recommandations spectaculaires ont également été émises par les autorités du Salvador et de Colombie : ne pas tomber enceinte.
Le vice-ministre salvadorien de la Santé Eduardo Espinoza a ainsi "suggéré" aux femmes en âge de procréer de "planifier leurs grossesses et de les éviter cette année et l'année prochaine". Près de 4 000 cas d'infection au virus ont été recensés en 2015, et déjà 1 561 depuis début janvier, selon lui.
Le gouvernement colombien également d'éviter toute grossesse dans les six prochains mois, une annonce tournée en dérision sur les réseaux sociaux et dans les médias. Même recommandation pour les couples au Honduras et en Équateur.
En Colombie, où 13 500 personnes ont été touchées par la maladie et une centaine de bébés présentent une microcéphalie, le gouvernement table sur 600 000 cas du virus pour 2016.
La Martinique, la Guadeloupe et la Guyane sont également mobilisées contre le virus. En Martinique, 102 personnes ont été touchées depuis le début de l'année, ainsi qu'une vingtaine en Guyane.
itL'inquiétude atteint les États-Unis, avec trois malades du virus en Floride. Trois habitants de New York ont également été testés positifs, vendredi 22 janvier. Toutes ces personnes avaient voyagé en Amérique latine. En conséquence, les autorités sanitaires américaines ont conseillé aux femmes enceintes d'éviter de se rendre dans 22 pays d'Amérique du Sud et des Caraïbes.
Avec AFP