Invité de France 24, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est revenu sur les différents terrains de guerre sur lesquels la France est engagée, notamment celui de la lutte contre l'organisation État islamique.
Personnalité parmi les plus discrètes du gouvernement français, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, parle peu aux médias. Invité de l’émission Politique, jeudi 21 janvier, il évoque sur France 24 la lutte contre l'organisation État islamique (EI) en Syrie et en Irak, l’action de la Russie sur le front syrien, la situation dans le Sahel ainsi que l’état d’urgence en France dont il souhaite la prolongation. Extraits.
• 22 000 jihadistes de l'EI tués depuis 2014 en Irak et en Syrie
Concernant la lutte contre l'organisation État islamique (EI), Jean-Yves Le Drian estime qu’il est essentiel de "rompre l’axe" entre les villes de Raqqa, en Syrie, et de Mossoul, en Irak. L'organisation EI, qu’il qualifie d’"hydre à deux têtes", "ne progresse plus, mais nous sommes encore loin du compte", ajoute-t-il.
"il y a un chiffre que donne la coalition [...] C'est 22 000 morts depuis le début des opérations", a également déclaré le ministre français de la Défense.
Constatant que l’organisation jihadiste a cédé "15 % du territoire qu’elle avait confisquée", le ministre plaide pour une accentuation des efforts sur le terrain. "La stratégie de la coalition qui consiste à former les forces kurdes et irakiennes pour qu’elles puissent reconquérir les territoires de Daech paie. Cette stratégie doit être poursuivie et accentuée", affirme-t-il.
Pour combattre le groupe jihadiste, Jean-Yves Le Drian prône également une "contre-communication" qui consiste à parler "des échecs de l’EI", comme ceux récemment enregistrés à Ramadi et au Mont Sinkar". "Il faut par ailleurs s’organiser pour faire du contre-terrorisme idéologique et intellectuel avec une propagande anti-Daech. C’est une forme de forme de guerre qu’il nous faut aussi déployer".
• L’action de la Russie en Syrie
Le ministre français de la Défense appelle la Russie à "clarifier" sa position et à concentrer ses frappes sur les jihadistes de l'EI en Syrie, et non sur les groupes de l'opposition armée "qui sont, eux, susceptibles de combattre Daech. L’ennemi, c’est Daech".
Pour lui, une éventuelle collaboration entre la coalition et les Russes dépend de l’attitude de ces derniers sur le front. "Il ne peut y avoir de coopération, s’il n’y a pas clarification", dit-il.
• La Libye, comme nouveau territoire de conquête de l’EI
Après avoir longtemps craint que la Libye ne devienne un véritable "hub terroriste", Jean-Yves Le Drian estime désormais que les dernières avancées politiques ont changé la donne. "L’élément nouveau, c’est qu’il y a maintenant un Premier ministre en Libye. Il faut donc aider ce gouvernement à bien s’installer, à assurer son autorité et à unifier ses propres forces."
• Le Sahel
Malgré les récents attentats terroristes perpétrés en novembre 2015 à Bamako puis en janvier à Ouagadougou, le ministre estime que l’opération Barkhane visant à lutter contre les groupes jihadistes n’est pas un échec. "Lorsque l’opération a été lancée en 2013, c’est le Mali lui-même qui était menacé par une armée que les Français ont arrêtée, rappelle-t-il. Mais il reste des poches terroristes. C’est la première fois que nous menons une opération sur un territoire aussi vaste. Il faut poursuivre dans cette direction."
• La prolongation de l’état d’urgence en France
Sur le territoire français, Jean-Yves Le Drian estime que l’état d’urgence, qui pourrait être à nouveau prolongé au delà du 26 février, "est utile, dans cette période, car il contribue à notre sécurité. J’y suis favorable en attendant la réforme constitutionnelle qui permettra à l’état d’urgence de trouver une nouvelle forme. Nous sommes toujours en période de risque et de menace grave. Il faut se prémunir en permanence des risques qui peuvent arriver tous les jours."