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Gordon Brown va annoncer un remaniement ministériel

Alors que six ministres britanniques ont décidé de démissionner ces derniers jours suite au scandale des notes de frais, le Premier ministre britannique Gordon Brown annonce qu'il va procéder à un remaniement ministériel ce vendredi.

Pas de répit pour Gordon Brown. Alors que le Premier ministre britannique se prépare à annoncer un remaniement ministériel, sans doute dans la journée, un nouveau membre de son équipe quitte le navire. Il s’agit de John Hutton, qui détenait le portefeuille de la Défense.

Au lendemain des scrutins européen et local pour lesquels les observateurs prédisent une lourde défaite des travaillistes, Gordon Brown apparaît de plus en plus fragilisé avec le départ de six membres du gouvernement en quatre jours. "C’est une véritable hémorragie, commente notre correspondante à Londres, Bénédicte Paviot. Si ce mouvement se confirme, cela pourrait être un coup fatal porté à la direction du Labour."

Déjà, jeudi soir, le départ fracassant du ministre du Travail et des retraites, James Purnell, a porté un coup dur à Gordon Brown. Le quotidien "The Guardian" va jusqu’à titrer à la une "Le tueur en douce". James Purnell est en effet le premier à ouvertement appeler à la démission du Premier ministre.

"Je crois maintenant que si vous restez, une victoire des conservateurs devient plus probable, et non le contraire, écrit-il dans une lettre publiée par le "Times". Par conséquent, je vous demande de vous retirer, afin de permettre à notre parti d'avoir, dans la lutte, une chance de l'emporter."

La stratégie de l’attente

Les élections législatives de 2010 aiguisent les inquiétudes. Impopulaire dans l’opinion publique pour sa gestion de la crise économique, Gordon Brown est aussi critiqué pour son manque de charisme et d’autorité sur sa majorité. "Il y a un sauve-qui-peut qui gagne certains membres du gouvernement, mais les poids-lourds - comme le ministre de la Justice Jack Straw - jouent encore la carte de la loyauté", estime Gilles Leydier, professeur de civilisation britannique à l’université de Toulon.

Pour Gilles Leydier, le Premier ministre "a tout intérêt à reculer au maximum la date des législatives et à faire en sorte de retrouver, d’ici là, une autorité et une capacité à démontrer sa compétence économique à la faveur d’un renversement de tendance".

Une question occupe cependant tous les esprits : "Combien de temps va tenir Gordon Brown ?" L'opposition, tant conservatrice que libérale-démocrate, a une nouvelle fois réclamé vendredi des élections législatives anticipées. Et le délitement de l'actuel gouvernement redonne de la voix aux députés travaillistes "rebelles", qui ont fait circuler une pétition électronique pour tenter de forcer Brown à quitter son poste, selon la presse. Ils espèrent obtenir les 70 voix nécessaires à provoquer un débat et un vote au sein du parti pour changer de leader. "Cela serait assez inédit", commente Gilles Leydier. Mais le Royaume-Uni, qui traverse une crise politique majeure après le scandale des notes de frais, n’en est sans doute pas à une innovation près.