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L'ONG Human Rights Watch (HRW) accuse dans un rapport les firmes implantées dans des colonies israéliennes de contribuer aux violations des droits des Palestiniens. Elle les appelle à cesser leurs activités.
Human Rights Watch (HRW) s’attaque aux entreprises implantées dans les colonies israéliennes de Cisjordanie occupée. Dans un rapport publié mardi 19 janvier, l’ONG de défense des droits de l’Homme affirme que ces firmes contribuent à un "système fondamentalement illégal" et à une "violation" des droits des Palestiniens et les appelle à cesser leurs activités.
Les colonies de Cisjordanie, érigées sur des terres palestiniennes, sont considérées comme illégales par la communauté internationale mais aussi comme un obstacle majeur à la paix.
Les entreprises actives dans les colonies contribuent aux violations des droits des Palestiniens
Le rapport "qui s’adresse avant tout aux entreprises", précise à France 24 Bénédicte Jeannerod, directrice France de HRW, critique notamment les secteurs du ciment et de l'immobilier, car ces firmes cautionnent "le traitement privilégié accordé aux colons pour pratiquement tous les aspects de la vie en Cisjordanie".
Et la politique de l’État hébreu n’échappe pas à la critique. Selon le document, la ligne du gouvernement consiste à soutenir la colonisation et la "confiscation illégale des terres palestiniennes". Toute activité économique liée de près ou de loin à ces colonies, c'est-à-dire même si l’entreprise n’y est pas implantée géographiquement, est, selon les auteurs de l’étude, une contribution à la politique du gouvernement israélien et aux violations des droits des Palestiniens.
Israël occupe la Cisjordanie depuis la guerre de juin 1967 et plus d'un demi-million d'Israéliens vivent dans cette région ainsi qu'à Jérusalem-est annexée. Les accords sur l'autonomie palestinienne conclus en 1993 à Oslo ont conduit à la création de trois zones en Cisjordanie. La zone dite "C", qui s'étend sur 60 % de la région, est restée entièrement sous contrôle israélien. L'Autorité palestinienne exerce des pouvoirs limités dans les zones A et B. Ces accords étaient censés mener à une solution permanente dans les cinq ans. Mais le processus s’est enlisé et une nouvelle vague de violences secoue la Cisjordanie, Jérusalem et Israël.
HRW estime ainsi que les firmes étrangères actives en zone C aident les colonies, alors qu'Israël "interdit aux Palestiniens d'y construire ou d'exploiter des ressources naturelles".
L’étiquetage des produits, une "véritable avancée"
Toutefois, HRW insiste sur le fait que cette recommandation faite aux entreprises de cesser leurs activités dans les colonies ne s’apparente en rien aux campagnes de boycott des produits israéliens défendues par certaines organisations pro-palestiniennes. " Nous ne nous prononçons pas pour ou contre le boycott, et surtout nous ne parlons que des produits fabriqués dans les colonies ou grâce à des matières premières en provenance de ces dernières ", souligne Bénédicte Jeannerod.
Elle précise qu’il s’agit de rappeler aux entreprises leur responsabilité vis-à-vis du respect du droit international. " Les Principes directeurs des Nations Unies imposent aux entreprises du monde entier de faire preuve de diligence raisonnable et d’atténuer tout impact nuisible de leurs activités sur les droits humains", explique-t-elle rappelant également la responsabilité des États tiers dans le fait de leur rappeler cela.
Les États ont en outre la responsabilité d’appliquer les directives régionales, observe encore la directrice de l’ONG. Elle évoque notamment les mesures d’étiquetage des produits en provenance de colonies adoptées récemment par l'Union européenne, "une véritable avancée" selon elle. "Cela permet au consommateur d’être bien informé et d’acheter en responsabilité : un produit en provenance des colonies ne peut être considéré comme israélien".
Quand à la question de savoir si la cessation des activités des entreprises dans les colonies pourrait avoir une conséquence sur l’emploi des Palestiniens, un argument souvent avancé, Bénédicte Jeannerod est très claire : "C’est une inversion de la logique de penser ainsi : c’est la colonisation et la confiscation des terres qui nuit à l’emploi des Palestiniens".