
Pour la seconde fois de sa carrière, Rafael Nadal a été sorti au 1er tour d’un tournoi du Grand Chelem. En difficulté depuis plus d’un an, l’Espagnol est-il condamné à sombrer dans l’anonymat des seconds couteaux du circuit ?
Il y a encore quelques semaines, il se trouvait toujours quelques observateurs pour croire en un retour gagnant de Rafael Nadal. L’Espagnol, en difficulté depuis de nombreux mois, avait laissé entrevoir les prémices d’une réaction, en clôture d’une année 2015 pour le moins compliquée (7e joueur mondial, aucun titre majeur et 49 victoires pour 16 défaites).
Remonté au cinquième rang à l’ATP en janvier, le nonuple vainqueur de Roland-Garros vient pourtant de subir une terrible désillusion dès ce début de saison : il a été éliminé au 1er tour de l’Open d’Australie par son compatriote Francisco Verdasco (7-6 (8/6), 4-6, 3-6, 7-6 (7/4), 6-2). Pour la seconde fois de sa carrière, après Wimbledon en 2013, Nadal quitte donc le tableau d’un tournoi du Grand Chelem dès son entrée en lice.
Nadal peut-il revenir au top ?
À 29 ans, le Majorquin peut-il retrouver le niveau qui en avait fait un "top joueur" durant près d’une décennie (de 2005 à 2014) ? L’hypothèse apparaît de plus en plus improbable. Le mental du "taureau de Manacor", autrefois son meilleur allié, semble aujourd’hui devenu son talon d’Achille.
Face à Verdasco, Nadal a craqué dans la plupart des moments importants. Deux tie-breaks abandonnés au 1er et au 4e set ont eu raison de ses ambitions à Melbourne. Et même dans la cinquième manche, qui avait si souvent souri à ce marathonien du circuit, le Nadal de la grande époque s’est rapidement évaporé : deux jeux marqués, deux balles de double break… et puis plus rien. Plus de confiance, plus d’agressivité, et six petits jeux ont suffi à Verdasco pour écarter son rival ibérique.
Mais l’élimination de Nadal dès ce premier tour est avant tout la conséquence d’une faillite globale. Sur l’ensemble de la rencontre, il n’a réussi que 29 coups gagnants en fond de court, contre 57 pour son adversaire. Surtout, Verdasco s’est imposé en dépit d’un nombre ahurissant de fautes directes (91 sur ces cinq manches), preuve irréfutable de sa domination en matière d’intention et d’agressivité.
Une blessure mentale
"J'ai eu plusieurs fois à surmonter des blessures physiques. Mais là, ce que j'ai, le manque de contrôle de mes nerfs, mon émotivité... C'est comme si j'avais à guérir d'une blessure, mais qui cette fois n'est pas d'ordre physique, mais mental", avait déclaré "Rafa" en conférence de presse au Masters 1000 de Shanghai, en octobre 2015.
Cette solidité, un temps retrouvé au début de l’année pour atteindre la finale du tournoi de Doha (perdue face à Djokovic 6-1, 6-2), a de nouveau volé en éclats quelques jours plus tard. Plus que jamais, Rafael Nadal est dans le dur. Tout au plus peut il se raccrocher à un fait statistique : la dernière fois qu’il avait été sorti au 1er tour d’un Grand Chelem, en 2013, il avait brillamment remporté le suivant.
Pour réitérer cet exploit – et soulever son dixième trophée à Roland-Garros en 2016 – le Majorquin devra retrouver les éléments qui l’ont mené à la victoire à 14 reprises dans des tournois majeurs ces dernières années. Et même s’il y parvient, difficile d’imaginer qu’il serait en mesure de supplanter un Novak Djokovic intraitable depuis plus d’un an, et qui domine le tennis mondial de la tête et des épaules.