
Tsai Ing-wen, candidate du principal parti d'opposition, est devenue la première femme présidente de Taïwan. Alors qu'elle a promis de rendre à l'île sa fierté, de nouvelles tensions se font déjà sentir avec la Chine.
Lors de l’élection présidentielle taïwanaise, Tsai Ing-wen, a infligé une déroute historique au parti au pouvoir du Kuomintang (KMT), remportant une large victoire à l'élection présidentielle (56,12 %), samedi 16 janvier.
Ancienne professeur d'université, Tsai Ing-wen est déjà devenue pour la presse "la Angela Merkel d’Asie" en raison de sa détermination et sa simplicité : elle vit dans un modeste appartement, seule, avec ses deux chats. La nouvelle présidente taïwanaise, âgée de 59 ans, professe toutefois avoir une certaine admiration pour Margaret Thatcher et sa force de caractère. C’est en effet en Grande-Bretagne, à la London School of Economics, que la nouvelle présidente a décroché un doctorat lors de ses études.
Une intellectuelle respectée
De retour à Taïwan, elle a enseigné le droit avant de devenir conseillère du gouvernement pour le commerce international et les relations avec la Chine. En 2000, elle a occupé son premier poste gouvernemental d'importance, comme dirigeante du Conseil des affaires continentales, la plus haute instance taïwanaise chargée de la politique chinoise, et fut nommée Premier ministre adjoint en 2006.
Au cours de cette carrière, Tsai Ing-wen s’est forgée une réputation d’intellectuelle respectée, connue pour ses talents de négociatrice. Alors que sa victoire a relancé le spectre de nouvelles tensions avec la Chine continentale, ces qualités vont lui être nécessaires - voire essentielles - dans ses nouvelles fonctions, bien qu'elle dispose aujourd'hui d'une marge de manœuvre inédite sur l'île : samedi, son parti a également remporté les législatives.
"Le parti démocrate progressiste dispose de la majorité absolue au Parlement. Ce n’était jamais arrivé ici à Taïwan. Tsai Ing-wen a donc les mains libres pour gouverner comme elle entend", résume ainsi Clémence Dibout, correspondante de France 24. "Les défis ne sont pas pour autant moins important : il y a d’un coté, les Taïwanais qui ont clairement exprimé un rejet de la politique pro-Chine menée par le président sortant […] et d’un autre, Pékin, qui a déjà prévenu que la Chine ne tolérerait aucune provocation de la part de Taïwan".
itLa Chine met Taïwan en garde
Signe de son pragmatisme et sa prudence, Tsai Ing-wen, a pris soin de souligner avant les élections que le "statu quo" serait maintenu entre Pékin et Taïwan, mettant beaucoup d'eau dans le vin du discours traditionnellement indépendantiste du PDP. Sitôt élue, elle a réaffirmé son souhait de relations pacifiques entre les deux rives du détroit de Formose, tout en affirmant à ses partisans survoltés que Taipei ne se laisserait pas intimider.
Dans sa première déclaration à la presse, Mme Tsai a ainsi appelé Pékin à respecter le "système démocratique, l'identité nationale et l'intégrité territoriale" de Taïwan. "Toute forme de violation affectera la stabilité des relations entre les deux rives du détroit", a-t-elle menacé.
Du côté de la Chine, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Pékin Hong Lei a, pour sa part averti que "le gouvernement chinois ne bougera pas d'un pouce et ne tolèrera jamais une activité sécessionniste de Taïwan". Le nom de Tsai Ing-wen a par ailleurs été censuré sur Weibo, le principal réseau social chinois, afin de limiter le traitement médiatique de son élection.
La Chine et Taïwan sont théoriquement indépendants depuis la fin de la guerre civile et la proclamation par Mao Tsé-toung de la République populaire de Chine (RPC) en 1949. Les nationalistes du KMT s'étaient alors réfugiés sur l'île. Mais Pékin maintient qu'elle fait toujours partie de son territoire et, le cas échéant, peut être récupérée par la force si besoin.
Avec AFP et Reuters