
Coca-Cola a provoqué l'ire de la Russie, puis de l'Ukraine, en présentant ses vœux pour la nouvelle année sous forme de carte géographique de la région. Comment représenter la Crimée ? Visiblement, Coca ne s'était pas posé la question.
C’est la bulle qui a fait déborder le Coca. La célèbre marque américaine de boisson gazeuse est parvenu à s’attirer l’ire des Russes et des Ukrainiens avec de simples vœux de bonne année.
Il faut dire que pour les souhaiter, Coca-Cola avait opté pour un terrain des plus glissants ce 1er janvier 2016. La marque avait choisi de reproduire sur VK, le Facebook russe, une carte de la Russie aux couleurs des bouteilles de la célèbre boisson. Mais la multinationale a aussi mis les deux pieds dans plat geographico-diplomatique du moment en oubliant d’inclure la Crimée sur la carte. La marque s’est ainsi alignée sur la position des États-Unis, de l’ONU et de l’Europe, qui n’ont pas reconnu l’annexion en 2014 de cette région par Moscou.
Cet “oubli” n’a pas échappé aux potentiels buveurs de coca russes qui estiment, quant à eux, que la Crimée dépend bien de Moscou. Ils ont bombardé la marque de critiques sur les réseaux sociaux. Certains n’ont pas hésité à lancer des appels au boycott à l’encontre du groupe américain.
Du Coca versé dans les toilettes
Coca-Cola a finalement cédé, mardi 5 janvier, et a republié la carte… en intégrant cette fois-ci la Crimée à la Russie. La multinationale est même allée encore plus loin puisqu’elle a ajouté aussi les îles Kourites - qui appartiennent à la Russie mais sont revendiquées par le Japon - et Kaliningrad, une enclave russe isolée du reste du pays et coincée entre la Pologne et la Lituanie.
Ces deux derniers changements n’ont pas fait beaucoup de vagues. En revanche, la présence de la Crimée sur cette carte a fait monter le Coca au nez des Ukrainiens. Le très populiste dirigeant du Parti radical ukrainien Oleh Liachko a promis de ne plus jamais boire de Coca-Cola. Andrii Olefirov, l’ambassadeur ukrainien en Finlande, a usé de sa verve pour dénoncer “une carte illégale”. L'ambassade ukrainienne à Washington a aussi fait parvenir une plainte officielle au siège de Coca à Atlanta. D’autres internautes ont posté sur l’Internet des photos d’eux en train de vider le contenu d’une canette dans leurs toilettes.
Quelques heures après avoir publié la version révisée, et toujours controversée, de leurs vœux de bonne année, Coca-Cola a finalement décidé d’effacer complètement le message. Ils ont même envoyé une lettre à l'ambassade d'Ukraine à Washington pour s'excuser d'une erreur qui serait due à "une agence extérieure". Un second revirement qui peut leur éviter de pousser près de 200 millions de Russes et d’Ukrainiens dans les bras de Pepsi pour une bête histoire de géographie.
Mais Coca-Cola n'est pas la seule multinationale américaine a s'être pris les pieds dans le bourbier ukraino-russe. Quand Google a dû adapter sa carte de la région après l’annexion controversée, il s’est retrouvé à en faire deux versions. Les internautes qui se rendent sur Google Maps depuis la Russie peuvent constater que la Crimée fait partie du territoire national. Pour le reste du monde, la frontière entre cette région majoritairement russophone et l’Ukraine est en pointillée signifiant que le statut en est contesté. Une subtilité diplomatico-technologique dont Coca-Cola aurait pu s’inspirer.