
Deux hommes soupçonnés d'être impliqués dans les violences commises contre des pompiers le soir de Noël à Ajaccio ont été mis en examen mardi. L'un d'eux a été écroué. Ces incidents avaient provoqué des débordements racistes.
Deux hommes soupçonnés d'être impliqués dans des violences le soir de Noël aux Jardins de l'Empereur, un quartier populaire d'Ajaccio, en Corse, ont été mis en examen et l'un d'eux a été écroué, mardi 29 décembre. L'un des suspect, âgé de 18 ans et connu des services judiciaires, a été mis en examen pour "dégradations par un moyen dangereux", et écroué pour avoir mis feu à des palettes dans l'après-midi du 24 décembre, a indiqué à l'AFP le procureur d'Ajaccio, Éric Bouillard.
Le second suspect, âgé de 19 ans et inconnu des services de police, a été mis en examen pour "complicité de dégradations" et placé sous contrôle judiciaire. Tous deux ont été mis en examen pour "intrusion dans un établissement public", une école ayant été visitée.
En théorie, ces délits sont passibles de dix ans de prison. Mais, à ce stade, les enquêteurs n'ont pas relié directement ces deux hommes à l'agression de pompiers, appelés pour des feux de palettes dans la nuit du 24 au 25 décembre, dans le même quartier des Jardins de l'Empereur.
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Plus tôt mardi, quelques centaines de personnes se sont réunies dans le calme dans la cour de la caserne d'Ajaccio pour assister à une conférence de presse de Jean-Guy Talamoni, nouveau président de l'Assemblée de Corse, au cours de laquelle les représentants des pompiers ont appelé une nouvelle fois au calme, tout en se montrant fermes sur les violences. "S'en prendre aux pompiers, c'est se mettre en dehors de la civilisation", a lancé l'indépendantiste.
"Nous pensons que le message d'un meilleur vivre-ensemble a été entendu et que le temps de l'apaisement et des actions concrètes est venu, a déclaré à la tribune l'adjudant-chef Jean-François Suzini. "Nous ne pouvons nous résoudre à devoir nous adapter à des violences urbaines telles que peuvent les subir nos collègues continentaux […] Nous ne tolèrerons plus d'autres agressions" et "nous refusons catégoriquement d'intervenir sous escorte policière", a-t-il ajouté.
"Peur que ça recommence"
Mardi, le calme régnait et aucun membre des forces de l'ordre n'était visible aux Jardins de l'Empereur. Pendant trois jours, le quartier a été le théâtre des protestations et des manifestations déclenchées par les violences commises contre les pompiers. Vendredi, une salle de prière musulmane avait été saccagée, en marge de la première marche et celle-ci avait été émaillée de propos racistes, comme "Arabi fora" ("les Arabes dehors"), des propos également repris lors de la manifestation de samedi.
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Ces dérapages avaient conduit le préfet de Corse, Christophe Mirmand, à prendre un arrêté d'interdiction de manifester dans le quartier. "C'est calme, même trop calme. Maintenant les gens ont peur que ça recommence", a témoigné, mardi, un commerçant, qui souhaitait que "les gens qui ont fait ça" soient "attrapés" par la police.
Lundi, les policiers ont tenté d'interpeller un troisième homme, soupçonné d'avoir participé aux incidents de l'après-midi du 24, selon une source judiciaire. Mais lorsqu’ils sont arrivés, celui-ci avait déjà pris la fuite et aurait quitté la Corse, a-t-on précisé de même source. Un proche de cette personne aurait été conduit au commissariat pour y être entendu en tant que témoin.
Avec AFP