logo

En Espagne, toujours pas de gouvernement en vue

Huit jours après des élections législatives qui ont abouti à un Parlement sans majorité, la quête d'un gouvernement stable s’avère toujours mission impossible. Ni Podemos ni les socialistes n’ont trouvé d’arrangement avec le conservateur Rajoy.

Après sa rencontre, lundi 28 décembre, avec le chef de file des conservateurs espagnols Mariano Rajoy, le leader de Podemos a été clair : pas d’accord, pas d’alliance. La position du parti anti-système vis-à-vis du chef de file du Parti populaire (PP, droite) n’est pas une surprise, mais elle bloque pour l’instant toute perspective de formation d'un gouvernement.

Car huit jours après les élections législatives, Podemos ne veut s’allier à personne. Ni à Mariano Rajoy, donc, dont la ligne politique est diamétralement opposée avec la sienne, ni avec le PSOE (socialistes) dont le point de vue diffère sur la tenue d’un référendum sur l'indépendance de la Catalogne.

Pour gouverner, il faut s'allier

C’est donc l’impasse. Avec 123 sièges obtenus lors des élections, le Parti populaire de Rajoy est en tête mais n’a pas de majorité absolue. Le PSOE en a raflé 90 et Podemos, 69. Les centristes de Ciudadanos ont eux récolté 40 sièges. La majorité absolue se situe à 176 sièges : pour gouverner ces quatre prochaines années, le PP doit donc s'allier avec d'autres partis.

À défaut de trouver des alliances, Rajoy n’a plus qu’une solution : compter sur l’abstention des socialistes lors du vote d’investiture. Il faudrait en effet que le PSOE ne vote pas contre son investiture mais s’abstienne de se prononcer, comme les libéraux de Ciudadanos ont accepté de le faire. Dans ce cas, le PP gouvernerait à la majorité simple. Problème, un tel gouvernement s’engagerait dans un chemin de croix pour faire voter et appliquer sa politique.

L'impossible coalition de gauche

Mais le PSOE refuse de toute façon cette option. Le chef des socialistes, Pedro Sanchez, voudrait lui former une coalition de gauche, avec Podemos, capable de contrer les conservateurs. Le point de rupture entre les deux partis de gauche se cristallise autour du référendum sur l’indépendance de la Catalogne.

Pour Pedro Sanchez, "la condition préalable [à une alliance] est de renoncer à toute position qui implique la rupture de la coexistence entre Espagnols", c’est-à-dire ne pas soutenir la tenue du référendum catalan. Pour Pablo Iglesias, le patron de Podemos, c’est l’inverse. "La seule façon de défendre l'unité de notre pays passe par des processus démocratiques", a insisté le jeune professeur de sciences politiques.

Podemos ne veut pas que la Catalogne fasse sécession mais semble compter sur le fait que les Catalans rejetteraient l'indépendance comme l'ont fait les Écossais au Royaume-Uni et les Québécois au Canada.

"Qu'ils arrêtent de faire leur cinéma"

Le chef de Podemos a également lancé de dures attaques contre les socialistes, les accusant d'être plus absorbés par des luttes intestines que par l'intérêt des Espagnols. "Qu'ils arrêtent de faire du cinéma ! a-t-il dit. Qu'ils disent la vérité, qu'ils reconnaissent qu'en dernière instance ils sont prêts à s'abstenir pour que Mariano Rajoy gouverne, et à remplacer Pedro Sanchez par quelqu'un d'autre." Pedro Sanchez est en effet contesté au sein du parti qu'il dirige seulement depuis l'été 2014.

Si aucun gouvernement n'est formé dans les deux mois qui suivent le premier vote d'investiture, de nouvelles élections devront être convoquées. Une perspective qui en réjouit certains. "Si nous allons vers de nouvelles élections, nous pensons avoir beaucoup de chances de les gagner", a ainsi assuré le chef de Podemos.

Avec AFP