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Un kamikaze taliban s'est fait exploser lundi sur une route à proximité de l'aéroport de Kaboul, faisant au moins un mort et 13 blessés. La veille, une réunion pour relancer le processus de paix avec les insurgés a été programmée en janvier.
L'attaque à la voiture piégée, qui s'est produite à proximité de l'aéroport de la capitale afghane, "a tué un civil et en a blessé 13 autres", a indiqué Abdul Basir Moudjahid, porte-parole de la police de Kaboul. Elle visait "un convoi de troupes étrangères", a déclaré Najib Danish, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Les Taliban visent fréquemment les convois de soldats étrangers déployés dans le pays, qu'ils qualifient d'"envahisseurs".
Les insurgés, par la voix de leur porte-parole habituel Zabihullah Mujahid, ont immédiatement revendiqué l'attentat sur Twitter et affirmé que "plusieurs" soldats étrangers avaient péri. Les Taliban exagèrent souvent les bilans des attaques qu'ils commettent contre l'Otan.
Interrogée par l'AFP, l'Alliance atlantique a dit "enquêter" sur l'attentat, sans plus de précisions. Il y a tout juste une semaine, six soldats américains de la mission de l'Otan ont été tués dans un attentat-suicide orchestré par les insurgés près de la base de Bagram, au nord de Kaboul.
Reprise des négociations de paix en janvier
Mais l'attaque de lundi survient au lendemain de la visite à Kaboul de Raheel Sharif, chef d'état-major de l'armée pakistanaise, dont le pays est perçu en Afghanistan comme le "parrain" des Taliban.
Le général Sharif et le président afghan Ashraf Ghani sont convenus d'une réunion quadripartite en janvier avec la Chine et les États-Unis pour dresser une feuille de route destinée à raviver les négociations de paix avec les Taliban, en suspens depuis l'été dernier. La présidence afghane a expliqué que la réunion devait se tenir "dans la première semaine de janvier", mais n'en a pas précisé le lieu. Lundi, les Taliban n'avaient pas encore réagi à cette annonce.
Rôle crucial du Pakistan
Kaboul estime ne pas pouvoir se passer de son voisin pakistanais pour relancer les négociations de paix destinées à mettre fin à l'insurrection des Taliban qui dure depuis la chute de leur régime en 2001.
Le Pakistan avait accueilli cet été sur son sol des pourparlers inédits entre le gouvernement afghan et les Taliban, sous l'égide de la Chine et des États-Unis. Un deuxième round devait avoir lieu dans la foulée, mais il a été reporté sine die après l'annonce de la mort du mollah Omar, fondateur du mouvement taliban.
Après une amorce de rapprochement avec Islamabad au début de son mandat l'an dernier, le président afghan a accusé cet été le Pakistan d'être derrière une série d'attentats meurtriers à Kaboul.
Mais au début du mois, Ashraf Ghani s'est rendu à un sommet régional à Islamabad. Il a rencontré le Premier ministre Nawaz Sharif et dit sa volonté de reprendre le dialogue avec les Taliban.
Ces derniers ont étendu leur combat à l'ensemble de l'Afghanistan depuis le printemps et ne se contentent plus d'affronter les forces de sécurité afghanes dans leurs fiefs de l'est et du sud du pays. Ils ont ainsi réussi à envahir puis à tenir la grande ville de Kunduz, au nord du pays, pendant trois jours fin septembre.
D'après des analystes interrogés par l'AFP, les Taliban durcissent leur insurrection pour arriver en position de force lors d'éventuelles négociations avec le gouvernement de Kaboul.
(Avec AFP et Reuters)