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Après deux jours de manifestations et de dérapages racistes, notamment dans le quartier populaire des Jardins de l'Empereur à Ajaccio, le préfet de Corse a pris, dimanche, un arrêté interdisant de manifester dans ce quartier jusqu’au 4 janvier.
Le préfet de Corse Christophe Mirmand a pris dimanche 27 décembre un arrêté d'interdiction de manifester jusqu’au 4 janvier dans le quartier des Jardins de l'Empereur à Ajaccio, théâtre depuis vendredi de manifestations et de dérapages racistes.
L’arrêté, qui "prend effet aujourd'hui (dimanche, NDLR) et durera jusqu'au 4 janvier au moins, (…) concerne toutes les manifestations et les rassemblements, et les contrevenants sont passibles de sanction pénale", a précisé Christophe Mirmand. Le préfet expliquait la veille vouloir "rétablir la sérénité qui a manqué ces derniers temps" et faire cesser ces exactions qui donnent "une image désastreuse de la Corse".
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De leur côté, les membres de la délégation de manifestants reçue la veille s’étaient dit satisfaits des engagements du représentant de l'État, qui a déclaré que "des policiers seraient présents dans tous les quartiers", ont-ils précisé. "Nous on a fait ce que l'on avait à faire dans les quartiers. Maintenant on a donné le bébé au préfet", avait ainsi déclaré Antoine, l'un des représentants des manifestants.
Deux hommes ont par ailleurs été placés en garde à vue dimanche à Ajaccio. Un homme a été interpellé vers 13h30 dimanche alors que les forces de l'ordre bouclaient la cité et un deuxième s'est présenté de lui-même au commissariat dans l'après-midi, a-t-on appris auprès du procureur d'Ajaccio, Eric Bouillard.
"À ce stade de l'enquête, il n'y a aucun élément dans la procédure qui les relient à l'agression des pompiers et du policier. Néanmoins, on n'imagine pas qu'ils aient mis le feu et qu'ils ne soient pas restés sur place", a-t-il dit à Reuters.
Vendredi et samedi, des manifestants avaient défilé dans le quartier des Jardins de l'Empereur, scandant "On est chez nous" ou encore "Arabes dehors", après l'agression dans ce quartier de deux pompiers et un policier durant la nuit de Noël.
Un dispositif conséquent de gendarmes mobiles et CRS veillait samedi à empêcher tout débordement dans cette partie de la ville où les manifestants sont arrivés en milieu d'après-midi, avant de se diriger vers les quartiers voisins de Saint-Jean et Sainte-Lucie.
Vendredi, dans les Jardins de l'Empereur, une salle de prière musulmane avait été saccagée, en marge d'une première manifestation.
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Ces actes ont été unanimement condamnés, par le Premier ministre Manuel Valls en premier lieu. Celui-ci a dénoncé une "agression intolérable de pompiers" et une "profanation inacceptable d'un lieu de prière musulman". Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, évoquait lui "(des) exactions intolérables, aux relents de racisme et de xénophobie, (qui) ne sauraient rester impunies"
"Dérapages racistes"
L'Observatoire national contre l'islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) a dénoncé une agression "qui se déroule en un jour de prière pour les musulmans et pour les chrétiens", Noël tombant cette année juste après le Mouled, la fête musulmane qui commémore la naissance du prophète Mahomet.
Les dirigeants nationalistes ont aussi fermement dénoncé ces violences : le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, a d'abord condamné une "agression initiale scandaleuse" affirmant "(qu') il est impensable d'imaginer qu'il existe des zones de non droit dans l'île". Il a également stigmatisé les "dérapages racistes. Ces agissements sont contraires aux valeurs du peuple corse". Le président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, a également fustigé sur Twitter "l'importation d'idéologies complètement étrangères à la tradition politique corse".
Les incidents avaient commencé dans la nuit de jeudi à vendredi, lorsqu'un incendie avait été "volontairement allumé" dans les Jardins de l'Empereur, "pour attirer les forces de l'ordre et les pompiers dans un guet-apens", a indiqué la préfecture.
Selon le témoignage de l'un des deux pompiers blessés dans cette agression, ils ont d'abord rencontré cinquante à soixante individus qui se trouvaient autour d'un feu et leur ont lancé des projectiles. Puis, alors qu'ils rebroussaient chemin, les pompiers ont a nouveau été pris à partie par un petit groupe "dans un véritable guet-apens par une vingtaine de personnes armées de barres de fer, de battes de baseball, cagoulées", a relaté le pompier sur iTÉLÉ.
"C'est un tout petit groupe de jeunes", a nuancé Mehdi, un habitant des Jardins de l'Empereur, âgé de 35 ans, interrogé par l'AFP : "Les parents abandonnent, le problème c'est l'éducation", a-t-il estimé, "Mais nous, nous voulons tous vivre ensemble, sans problème".
Avec AFP