À quelques heures de l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu au Yémen, des violences ont eu lieu lundi entre forces progouvernementales et rebelles Houthis. Des pourparlers de paix doivent se tenir mardi en Suisse.
Plusieurs affrontements entre forces progouvernementales et rebelles chiites Houthis ont éclaté au Yémen, lundi 14 décembre. Deux chefs militaires de la coalition, un Saoudien et un Émirati, ont été tués dans une attaque au missile lancée par les rebelles contre leur position près du détroit de Bab al-Mandeb, à l'entrée de la mer Rouge.
Des accrochages au mortier et à la Katioucha ont par ailleurs opposé par intermittence loyalistes et rebelles dans la province de Taëz (sud-ouest), selon des sources militaires et des témoins.
Ces violences surviennent alors même qu’un cessez-le-feu doit entrer en vigueur dans le pays. Initialement programmée pour lundi à 21 heures GMT, cette trêve sera finalement effective mardi à 6 heures GMT, a annoncé un ministre yéménite.
Un cessez-le-feu avant des pourparlers de paix
"Nous espérons que les miliciens respecteront [le cessez-le-feu] cette fois", a déclaré à l'AFP Mouïn Abdelmalak, membre de la délégation gouvernementale aux négociations, en référence aux rebelles chiites Houthis, soutenus par l'Iran, qui sont en guerre contre les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi. Ces dernières sont appuyées militairement par une coalition de pays arabes sunnites dirigée par l'Arabie saoudite.
La durée de ce cessez-le-feu devrait être de sept jours, éventuellement renouvelables, avait indiqué la présidence yéménite le 8 décembre.
Cette trêve prendra effet avant l'ouverture, mardi, de pourparlers de paix, qui doivent se tenir sous l'égide de l'ONU dans un lieu tenu secret en Suisse.
Le dialogue inter-yéménite est destiné à favoriser "un cessez-le-feu permanent et total, une amélioration de la situation humanitaire et un retour à une transition politique pacifique et ordonnée", a expliqué le médiateur de l'ONU, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed.
Retrait des rebelles, restitution des armes lourdes à l'État
Selon une source onusienne, les parties discuteront notamment d'un "plan" de mise en œuvre progressive de la résolution 2216 du Conseil de sécurité qui exige le retrait des rebelles et de leurs alliés, mais aussi de milices, des zones conquises depuis 2014 ainsi que la restitution des armes lourdes à l'État.
Les rebelles Houthis, issus de la minorité zaïdite (une branche du chiisme) et alliés à de puissantes unités militaires restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, se sont emparés depuis juillet 2014 de larges pans du Yémen, dont la capitale Sanaa et de provinces du nord-ouest, de l'ouest et du centre qu'ils contrôlent toujours.
Les forces antirebelles ont reconquis cet été cinq provinces du sud, dont celle d'Aden, deuxième ville du pays.
De précédentes tentatives de négociations et de cessez-le-feu ont échoué au Yémen où la guerre a fait depuis mars au moins 6 000 morts et 28 000 blessés, dont de nombreux civils, et a directement affecté 80 % de la population de ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Des jihadistes, en particulier de l’organisation de l’État islamique (EI), ont par ailleurs profité du chaos dans lequel est plongé le Yémen pour avancer leurs pions. Depuis le printemps, l'EI a revendiqué des attaques spectaculaires et meurtrières contre des mosquées fréquentées par des chiites et des cibles gouvernementales et de la coalition arabe.
Avec AFP