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Les Danois ont rejeté par référendum l'adoption de plusieurs règles européennes en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière. La population craint de perdre sa souveraineté en matière d'immigration.

Les Danois ont clairement rejeté par référendum, jeudi 3 décembre, une plus grande intégration aux politiques de sécurité intérieure de l’Union européenne. Le non, défendu par l'extrême gauche et le Dansk Folkeparti (Parti du peuple danois) a obtenu 53,1 % des suffrages contre 46,9 % pour le oui, soutenu par les grands partis traditionnels, selon des résultats définitifs.

"C'est un non net (...). Je respecte totalement la décision des Danois" qui "ont eu peur de perdre le contrôle" de leur destinée, a déclaré le Premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen lors d'une conférence de presse au siège du gouvernement à Copenhague.

Ce référendum portait sur le renoncement à des dérogations aux traités européens dans la coopération judiciaire et les affaires intérieures. Après le rejet par les Danois du traité de Maastricht lors du référendum de 1992, le Danemark avait en effet obtenu certaines exemptions dans ces domaines. En cas de oui, Copenhague aurait adopté 22 textes européens sur la lutte contre le trafic d'êtres humains, la pédophilie, la cybercriminalité et la fraude.

Le succès des eurosceptiques

Les électeurs ont toutefois choisi de désavouer les partisans du oui, accusés d'agiter l'épouvantail terroriste pour mieux faire passer la pilule européenne et ouvrir plus grand les frontières du pays. Ce référendum, le huitième soumis aux électeurs du royaume scandinave depuis celui sur son adhésion à l'UE en 1972, confirme la défiance de l'opinion publique à l'égard du projet européen mais aussi la grande forme du Parti du peuple danois (DF), porte-drapeau des eurosceptiques.

"Les Danois savent que lorsqu'on laisse faire Bruxelles, les choses sont traitées de très loin dans un système non-transparent dans lequel nous perdons beaucoup de notre démocratie", a ainsi réagi le chef de file du DF, Kristian Thulesen Dahl, lorsqu'il est apparu que le "non" allait l'emporter. Cette formation anti-immigration a fait campagne sur le thème "Plus d'UE ? Non merci", séduisant une partie des nombreux électeurs indécis.

En raison de ce non, le Danemark s’exclut d'Europol, l'organe de coopération policière de l'UE. Pour continuer à y participer, le pays doit conclure un accord parallèle avec l’Union européenne, mais des experts estiment que cette négociation pourrait être longue et laborieuse et qu'un accord n'offrira pas le même degré de coopération.

Ce résultat devrait aussi conforter toutes les forces, dans les divers pays de l'UE, qui militent pour un retour vers davantage de souveraineté nationale, en particulier en Grande-Bretagne, dont les électeurs seront appelés d'ici fin 2017 à se prononcer sur le maintien ou non de leur pays au sein de l'UE.

Avec AFP et Reuters