Les Tunisiens ont remis aux autorités françaises deux jihadistes français. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu s'entraîner en Libye avant de rejoindre l'EI en Syrie. Une étape qui constitue une première dans les procédures judiciaires françaises.
Deux Français ont été écroués par les autorités françaises à la mi-novembre, soupçonnés d'avoir voulu se rendre dans des camps d'entraînement de l'organisation de l’État islamique en Libye, a appris l’AFP lundi 30 novembre, de sources judiciaires proches du dossier.
Arrêtés dans le sud de la Tunisie, près de la frontière avec la Libye, ces deux jeunes de 19 ans et 20 ans ne se connaissaient pas avant de quitter la France. Le premier est originaire de Lyon, le second de Marseille. Ils ont été remis aux autorités françaises le 13 novembre.
Selon leurs déclarations, ils comptaient s'entraîner en Libye avec l'objectif d'aller combattre dans les rangs de l’EI en Syrie. Le chaos libyen y a favorisé l'émergence de groupes jihadistes armés.
Méthode de confection d’explosifs
Même si l'objectif affiché par les deux hommes était de se rendre en Syrie, c'est la première fois que la Libye apparaît dans une des quelque 200 procédures judiciaires françaises d'envoi de combattants sur les terres de jihad, relèvent les sources.
La petite amie de l'homme résidant à Marseille, une Niçoise convertie de 20 ans, a également été mise en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Elle a aussi été écrouée. La jeune femme a envisagé de se rendre en Libye elle aussi, avant de devoir y renoncer pour une raison qui n'a pas été révélée.
Mais en garde à vue, elle a assumé son engagement. Elle a ainsi expliqué que faute de pouvoir se rendre en terre de jihad, elle avait envisagé de commettre une action terroriste en France, selon une des sources. À son domicile ont été retrouvés des drapeaux montrant son attachement à la cause de l'EI, ainsi que divers documents, dont certains portent sur la confection d'explosifs.
La Libye nouvelle destination des jihadistes
Dans une interview accordée à l'AFP le 17 novembre, le chef de la diplomatie libyenne avait affirmé que son gouvernement avait "des informations fiables selon lesquelles le commandement de Daech demande aux nouvelles recrues de se diriger vers la Libye, et non plus la Syrie, surtout depuis les frappes russes" qui visent le groupe depuis fin septembre. Le ministre a estimé que le nombre de combattants de l'EI en Libye était pour le moment "entre 4 000 et 5 000", les Tunisiens, les Soudanais et les Yéménites formant selon lui les plus gros contingents.
La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Deux autorités politiques se disputant le pouvoir depuis l'an dernier, l'une basée à Tripoli et l'autre, la seule reconnue internationalement, basée dans l'Est.
Au lendemain d'un attentat revendiqué par l’EI dans la Tunisie voisine, Tunis a ordonné le 25 novembre la fermeture pour deux semaines de la frontière avec la Libye. L’attaque terroriste contre un bus de la sécurité présidentielle a coûté la vie à douze agents. D’après les autorités tunisiennes, les auteurs des attaques du Bardo, le 18 mars, et de Sousse, le 26 juin, avaient été formés au maniement des armes en Libye.
Avec AFP