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Le Premier ministre turc rencontre les Vingt-Huit, dimanche, avec à la clé la coopération d'Ankara en matière migratoire, trois milliards d'euros d'aide européenne et une relance des négociations d'adhésion à l'UE.

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu se rend à Bruxelles, dimanche 29 novembre dans l’après-midi, pour sceller un accord de coopération entre son pays et l’Union européenne (UE) afin que la Turquie aide à endiguer le flux de migrants qui déstabilise l'Europe, en échange de contreparties financières et politiques.

Ce sommet entre les 28 pays membres de l'UE et la Turquie devrait confirmer le versement par l'Europe de trois milliards d'euros pour aider Ankara à accueillir les réfugiés syriens,  montant qui pourra être révisé ultérieurement.

Selon une ébauche de conclusions que Reuters a pu consulter, l’UE devrait aussi ouvrir un nouveau chapitre des négociations sur une adhésion de la Turquie, dans l'impasse depuis 2005. "On nous a dit que le chapitre 17 des négociations (politiques économiques) sera ouvert vers la mi-décembre", s’est félicité jeudi le président Recep Tayyip Erdogan. Les Turcs veulent en ouvrir rapidement d'autres, explique une source diplomatique.

"Cette espèce de promesse de relancer le processus (de négociation) est en fait une vaste hypocrisie. Pourquoi ? Parce qu'au sein de l'Union européenne et tout particulièrement dans le contexte actuel, personne ne veut que la Turquie ne devienne un membre à part entière", tempère notre correspondante à Bruxelles, Kattalin Landaburu.

L’UE devrait enfin travailler à lever les restrictions existant sur l'octroi de visas aux ressortissants turcs souhaitant se rendre en Europe à partir d’octobre 2016 si le gouvernement d'Ankara respecte certains critères contenus dans une feuille de route qui a été approuvée.

700 000 migrants passés par la Turquie

En quatre ans et demi, la guerre en Syrie a fait plus de 250 000 morts et près de 12 millions de déplacés et réfugiés. La Turquie, qui en accueille déjà plus de 2,2 millions sur son sol, "ne doit pas porter seule le problème migratoire", a lancé le chef du gouvernement turc en quittant Ankara dimanche pour Bruxelles.

Outre la question des réfugiés, l'UE veut obtenir l'engagement que la Turquie rendra ses frontières européennes plus imperméables aux migrants économiques irréguliers, alors que plus de 700 000 migrants ont emprunté depuis janvier cette porte d'entrée vers l'Europe, rejoignant la Grèce par la mer. Les Européens sont encore plus pressants depuis la révélation que certains kamikazes des attentats de Paris ont emprunté cet itinéraire.

Si l’Allemagne a beaucoup poussé pour la tenue de ce sommet, la Grèce et surtout Chypre ont fait preuve de plus de réticences. D'autres États membres craignent aussi de donner l'impression à la Turquie et à l'opinion publique que l'Europe abaisse ses exigences en matière de droits de l’Homme, notamment.

L'UE a en effet récemment fustigé "les graves reculs" de la liberté d'expression en Turquie et juge "inquiétante" la situation de deux journalistes turcs, inculpés et écroués pour un article sur de possibles livraisons d'armes par les services secrets turcs à des islamistes en Syrie.

Avec Reuters et AFP