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La campagne électorale vénézuélienne a pris une tournure dramatique à la suite du meurtre, mercredi, d’un dirigeant local, candidat aux législatives. Pour la première fois depuis 16 ans, l’opposition pourrait ravir la majorité aux chavistes.

Le climat de la campagne électorale vénézuélienne en vue des législatives a indéniablement changé depuis le meurtre par balle de Luis Manuel Diaz, secrétaire général de l'Action démocratique (AD) lors d’un meeting à Altagracia de Orituco (État de Guarico, centre), le mercredi 25 novembre.

Le député Henry Ramos Allup, également secrétaire général national de ce parti d'opposition et candidat aux élections, a donné l'alerte sur Twitter, accusant des "bandes armées" liées au Parti socialiste (PSUV) au pouvoir d'avoir mené l'attaque.

"L'enquête scientifique et les témoignages de ceux qui étaient sur place montrent déjà que c'est totalement faux et ceci est une accusation téméraire", a répondu dès le lendemain le président Maduro lors d’un discours. Pour le dirigeant socialiste, il s'agissait d'"un règlement de comptes entre bandes rivales".

Ce meurtre entache la campagne électorale à dix jours d’un scrutin qui se tiendra dans un contexte historique. L'opposition, donnée largement favorite et soutenue par une population lasse de la crise économique mêlant inflation galopante et pénuries au quotidien, pourrait, pour la première fois depuis 16 ans, ravir la majorité parlementaire au chavisme.

"Terroriser les Vénézuéliens"

Pour l'analyste Francine Jacome, directrice de l'Institut vénézuélien d'études sociales et politiques, s'il est prouvé que ce meurtre a des motivations politiques, son objectif "aura été de provoquer la peur" et décourager les électeurs.

"Ils veulent terroriser les Vénézuéliens", a affirmé Lilian Tintori, désormais une figure incontournable de l'opposition, estimant que Nicolas Maduro "est le responsable direct" de ce meurtre.

L'opposition a déjà dénoncé plusieurs incidents ayant impliqué ses dirigeants ces dernières semaines, dont une attaque armée contre l'ex-candidat à la présidentielle, Henrique Capriles.

La Mission électorale de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), établie au Venezuela depuis la semaine dernière, a déploré la mort de l'opposant, exprimant "son rejet le plus déterminé de tout type de violence qui puisse affecter le déroulement normal du processus électoral" et appelant à "une enquête exhaustive sur ce fait condamnable".

L'Unasur est la seule organisation internationale autorisée à accompagner le prochain scrutin législatif par les autorités électorales vénézuéliennes, qui ont refusé les missions d'observation des Nations unies, de l'OEA et de l'Union européenne.

L'ancien Premier ministre espagnol José Luis Zapatero et l'ex-président panaméen Martin Torrijos participeront à une "mission spéciale d'accompagnement international" du scrutin, a annoncé jeudi le Conseil national électoral.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo, a appelé Caracas à "enquêter à fond et amener les assassins devant la justice", mais aussi à "garantir à tous les Vénézuéliens le droit de voter en paix".

Avec AFP