La police turque a interpellé vendredi à Antalya un Belge d'origine marocaine, Ahmet Dahmani, soupçonné d'avoir effectué des repérages en vue des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis.
La police turque a interpellé un Belge d'origine marocaine soupçonné d'être lié aux attentats terroristes qui ont tué 130 personnes à Paris la semaine dernière, a confirmé, samedi 21 novembre, un responsable gouvernemental turc.
Ahmet Dahmani, 26 ans, est accusé d'avoir participé à des opérations de reconnaissance pour choisir les sites des attentats, selon l’agence de presse turque Dogan. Il a été appréhendé dans un hôtel de luxe de la station balnéaire d'Antalya, sur la côte sud de la Turquie, où il était arrivé le 14 novembre en provenance d'Amsterdam (Pays-Bas), ont rapporté à l'AFP deux responsables turcs qui s'exprimaient sous couvert de l'anonymat.
"Nous pensons qu'il était en contact avec les terroristes qui ont perpétré les attentats de Paris. L'enquête se poursuit", a affirmé un des responsables, sans autre détail.
L'agence de presse Dogan a pour sa part affirmé qu'Ahmad Dahmani était soupçonné d'avoir participé au repérage des cibles des attentats, le Stade de France, la salle de concert du Bataclan ainsi que des bars ou restaurants parisiens. Cette hypothèse n'a pas été confirmée par des sources officielles.
Deux autres suspects interpellés
Deux autres individus, âgés de 23 et 29 ans et de nationalité syrienne, ont par ailleurs été interpellés sur une route des environs, rapporte Dogan. Ils sont soupçonnés d'avoir été envoyés à Antalya par l’organisation de l’État islamique (EI) pour aider Dahmani à passer sans mal la frontière syrienne. Leur arrestation a eu lieu alors qu'ils s'apprêtaient à le retrouver, écrit l'agence Dogan.
Ahmet Dahmani, décrit comme un membre de l'EI, et ses deux complices, présentés comme des Syriens par Dogan, ont tous les trois été inculpés et écroués par la justice turque, selon les mêmes responsables locaux.
Comme Ahmad Dahmani, plusieurs auteurs présumés des attaques de Paris sont des citoyens belges d'origine marocaine, à commencer par l'organisateur présumé de l'opération Abdelhamid Abaaoud, 28 ans, tué mercredi par la police française.
La police antiterroriste turque a été avertie de la présence d'Ahmet Dahmani à son arrivée en avion à Antalya et elle l'a suivi jusqu'à son hôtel, dans le quartier de Manavgat, écrit l'agence Dogan, qui précise que les trois hommes ont été inculpés et écroués par un tribunal d'Antalya.
La Turquie a d'autre part expulsé cette semaine un groupe de huit Marocains interpellés par la police des frontières à l'aéroport d'Istanbul et soupçonnés de liens avec l'EI. Ces personnes ont dit être arrivées mardi soir à l'aéroport Atatürk en provenance de Casablanca pour passer des vacances en Turquie.
"Dahmani aurait pu être appréhendé à l’aéroport"
Les responsables turcs ont insisté avoir procédé aux arrestations d'Antalya sur la foi de renseignements exclusivement turcs.
"Si les autorités belges nous avaient alertées à temps, Dahmani aurait pu être appréhendé dès l'aéroport", a regretté l'un d'eux, avant de poursuivre : "Nous exhortons nos alliés à continuer à partager leurs renseignements avec nous".
"Le partage de renseignement est absolument nécessaire si la communauté internationale veut combattre le terrorisme", a insisté ce responsable.
Américains et Européens ont longtemps soupçonné le gouvernement islamo-conservateur turc de complaisance avec les groupes rebelles syriens fondamentalistes, dont l'EI, et dénoncé leur manque d'empressement à démanteler les filières qui permettent à leurs recrues de rejoindre la Syrie via leur territoire.
Ankara a toujours nié ces accusations et reproche en retour à ses alliés leur manque de coopération, notamment dans le partage des renseignements.
Depuis un an, la Turquie a considérablement renforcé les contrôles à ses frontières. Les autorités turques ont multiplié ces dernières semaines les interpellations dans les milieux jihadistes, en particulier après l'attentat suicide attribué à l'EI qui a fait 103 morts devant la gare d'Ankara le 10 octobre.
Avec AFP et Reuters