logo

Molenbeek : le bar des frères Abdeslam au cœur de l'enquête en Belgique

Une des pistes de l'enquête sur les attentats de Paris mène à un bar du quartier populaire bruxellois de Molenbeek, dont l'ancien propriétaire n'est autre que Brahim Abdelsam, identifié comme l'un des kamikazes du 13 novembre.

Alors que l'enquête sur les attentats de Paris se poursuit en France et en Belgique, l'une des pistes suivies par les enquêteurs mène à un bar du quartier populaire bruxellois de Molenbeek, décrit comme une place forte du jihadisme en Europe, aujourd'hui fermé.

L’ancien propriétaire du bar Les Béguines, Brahim Abdeslam, un ressortissant français né à Bruxelles, a été identifié comme l'un des kaikazes ayant actionné un gilet d'explosifs dans le bistrot Le Comptoir Voltaire, dans le XIe arrondissement de Paris le 13 novembre. Son jeune frère Salah, qui était gérant du même bar, est aujourd'hui l'homme le plus recherché d'Europe pour sa participation présumée aux attentats.

Il y a deux semaines, la bourgmestre de la commune (maire) Françoise Schepmans ordonnait la fermeture du bar, situé au rez-de-chaussée d'un bâtiment en briques dans le quartier du Karreveld. À l'origine de sa décision, un rapport de police dénonçant un trafic et une consommation de drogue dans l'établissement au cours de l'été.

Brahim Abdeslam avait repris le café des Béguines il y a deux ans et, selon une voisine interrogée par "Le Parisien", l'endroit était vite devenu "un repaire de petits voyous", assurant qu'on y servait de l'alcool et qu'en émanait une forte odeur de cannabis.

"Ils étaient normaux, ils aimaient bien se marrer"

À Molenbeek, on se souvient des deux frères. L'image qu'ils ont laissée n'est pas celle de jihadistes fanatiques prêts à semer la mort. "Ils étaient normaux, ils aimaient bien se marrer. Ils n'avaient rien d'extrémistes (...) Ils étaient encore par ici la semaine dernière (...) Je pense qu'ils ont été endoctrinés, qu'il y a un cerveau derrière tout ça", explique à Reuters Nabil, 25 ans, en passant devant le bar.

Selon une source proche de l'enquête, ce cerveau pourrait être un membre éminent de l’organisation de l’État islamique (EI) en Syrie, Abdelhamid Abaaoud, un Belge, âgé de 27 ans, et lui aussi originaire de Molenbeek.

Hicham, 25 ans, a lui aussi connu les frères Abdeslam : "Ils fumaient, ils n'allaient pas à la mosquée. On les voyait tous les jours au bar". Le kamikaze Brahim Abdeslam, qui avait "une voix à la Sylvester Stallone", était "parfois un peu cinglé", concède-t-il. "On jouait aux cartes, on parlait de foot, de tout et de rien. Rien sur le jihad, pas de l'islam."

Les mêmes sentiments sont relayés par la famille Abdeslam, dont un troisième frère, Mohammed, qui a été relâché après deux jours de garde à vue.

"Nous n'avons jamais eu de problème avec la loi", a dit ce dernier à des journalistes sur le pas de la porte du domicile familial, face à la mairie de Molenbeek. "Mes parents sont en état de choc et n'arrivent pas à comprendre ce qui a pu se passer". Mohammed Abdeslam, qui a été relâché parce qu'il avait un alibi, selon son avocat, dit n'avoir "absolument rien" vu venir.

Il assure ne pas avoir su que Brahim se rendait à Paris vendredi et ne pas savoir où se trouve Salah, qualifiant ses deux frères de "complètement normaux".

Que ce soit Hassan el-Haski, condamné pour avoir été l'un des architectes des attentats de Madrid en 2004, ou Mehdi Nemmouche, le principal suspect de la tuerie du Musée juif de Bruxelles en mai 2014, ou encore Ayoub el-Khazzani, l'auteur de l'attentat manqué à bord du Thalys Amsterdam-Paris cet été, tous ont en commun d’avoir séjourné un certain temps à Molenbeek.

Avec Reuters