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Le gouvernement français a lancé une campagne d'affichage national afin de sensibiliser les voyageurs et aider les victimes à agir contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun.

Insultes sexistes, regards libidineux, mains aux fesses... Le gouvernement français lance depuis le lundi 9 novembre une campagne pour lutter contre le harcèlement des femmes dans les transports, avec des mots crus mais illustrant une réalité devenue aussi banale qu'intolérable.

Affiches et panneaux numériques dans les métros et les gares, clips vidéo interactifs sur Internet et les réseaux sociaux, dépliants, cette campagne nationale "Stop-Ça suffit" veut briser les tabous, sensibiliser les voyageurs, rappeler que le harcèlement sexiste est puni par la loi et inciter les témoins à réagir.

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Annoncée il y a quatre mois dans le plan de "lutte contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles" dans les transports en commun, cette campagne a été présentée lundi gare Saint-Lazare à Paris par les secrétaires d'État Pascale Boistard (Droits des femmes) et Alain Vidalies (Transports).

Les affiches décrivent les invectives d'un agresseur sur une ligne de métro ou de RER fictive. Elles deviennent de plus en plus violentes à chaque station : de "Mademoiselle !", "Vous êtes charmante" ou "C'est pour moi cette petite jupe ?", jusqu'à "T'es bonne tu m'excites", "Je vais te serrer" et "Réponds sale chienne". En bout de ligne, en rouge : "Stop - Ça suffit".

"J'ai peur"

Il y a aussi la ligne des victimes, avec les stations "Je sens sa main là", "J'ai peur", "Pourquoi personne ne fait rien ?". Et la ligne des témoins: "Pourquoi il la colle comme ça ?" ou "Je fais quoi ?". Toutes s'achèvent par "Stop - Ça suffit".

Chiffre éloquent, 100 % des utilisatrices des transports en commun ont subi au moins une fois dans leur vie harcèlement sexiste ou agression sexuelle, selon un rapport du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) basé sur les réponses de 600 femmes de la région parisienne.

Le Haut conseil a salué lundi cette campagne "qui permet de sortir le harcèlement sexiste et les violences sexuelles de la banalisation" et encourage collectivités territoriales et autorités organisatrices de transports à la décliner au niveau local. L'association Stop harcèlement de rue s'est également félicitée du "travail engagé par le gouvernement et les transporteurs".

Le harcèlement, ce n'est pas de la "drague". Cela peut aller des sifflements ou commentaires sur le physique, non punis par la loi, jusqu'aux injures et attouchements, qui, eux, sont punis par la loi. La campagne rappelle ainsi les peines encourues par les agresseurs : 6 mois de prison et 22 500 euros d'amende pour injures ou menaces, cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende pour baisers forcés, mains aux fesses, frottements.

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Elle donne aussi des conseils aux victimes et aux témoins pour réagir, rappelle les numéros d'urgence (17 ou 112, ou SMS au 114 pour les sourds et malentendants).

La SNCF et la RATP mettent également en commun le numéro d'alerte (3117), pouvant être joint à tout moment pour signaler un cas d'agression ou de harcèlement. À partir du 7 décembre, ce numéro sera aussi accessible par SMS, plus discret.

En complément, la RATP déploie, dès lundi, sa propre campagne intitulée "Face au harcèlement, ouvrons nos voix" pour rappeler les systèmes d'alerte existants et les moyens mis en œuvre : 5 200 agents présents dans les stations et les gares, 368 gares et stations du réseau équipées de bornes d'appel et 37 500 caméras de vidéo-protection.

Avec AFP