logo

Anonymous publie des centaines de noms de membres du Ku Klux Klan

Le mouvement d’hacktivistes Anonymous a publié, jeudi, une liste très attendue comportant des centaines de noms de membres présumés de l’organisation suprémaciste américaine Ku Klux Klan. Des révélations qui, s'avèrent ne pas en être…

Les suprémacistes blancs américains peuvent souffler. La bombe que le mouvement d’hacktivistes [de hackers et activistes] Anonymous promettait de faire exploser aux pieds des membres du Ku Klux Klan jeudi 5 novembre, tenait plutôt du pétard mouillé.

Le collectif avait promis depuis des semaines de révéler l’identité de milliers de membres de l'organisation raciste et violente, et ont bel et bien mis en ligne une liste de centaines de noms jeudi. Mais le contenu n’est pas à la hauteur de l’attente suscitée par les promesses.

Pas de politiciens ou de personnalités en vue qui auraient des liens avec le KKK, ni même de données vraiment sensibles qui auraient pu permettre de mieux comprendre l’organisation actuelle de ce mouvement fondé après la guerre de sécession en 1865 et qui sévit lourdement sur la société jusque dans les années 1960 (malgré sa dissolution en 1944).

Pseudonymes

"Il s’agit de noms associés à des comptes Facebook ou de pages Google +", note le site américain "Daily dot". Anonymous semble donc s’être limité la plupart du temps à faire des recherches sur les réseaux sociaux pour y dénicher les utilisateurs qui clament haut et fort leurs appartenances au "Klan". Dans certains cas, les responsables de l’opération "OpKKK" assurent avoir "obtenu une confirmation de l’affiliation au KKK grâce à des discussions en ligne ou auprès de spécialistes".

Des membres du KKK cités ont publiquement exprimé leur soutien aux thèses suprémacistes de cette organisation. Anonymous cite ainsi Don Black dans leurs "révélations", alors qu’il s’agit du fondateur du très actif forum néo-nazi Stormfront et qu’il a été l’un des haut responsable revendiqué du "Klan". Une page wikipedia lui est même consacrée. Des dizaines de noms cités sont, en outre, répertoriés par Anonymous comme des "alias" ou pseudonymes. Le groupe n’a donc pas réussi à découvrir la véritable identité et n’apporte  rien de neuf à son sujet.

Erreur(s)

Ces informations sur les membres du KKK contiennent même des erreurs. Anonymous y fait référence à un certain Ben Garrison, qui est un dessinateur libertarien américain, classé à droite mais sans lien avec le mouvement raciste, comme le rappelle "Le Monde". Les membres de "l’OpKKK" semblent s’être laissés abuser par de fausses informations qui circulent depuis des années sur nternet et font du dessinateur le "pire des néo-nazi, connu sous le surnom Zyklon Ben". Anonymous a reconnu sur Twitter que certains noms cités ont été enlevés "afin de vérifier la réalité de leur lien avec le KKK". Le groupe s’est aussi excusé auprès de Ben Garrison.

Non seulement, le résultat n’a pas été à la hauteur de ce qui avait été annoncé, mais la campagne pour promouvoir cette opération a également été assez chaotique. Anonymous avait promis de s’en prendre au KKK après le meurtre d’un jeune noir par la police à Ferguson en août 2014. Le mouvement suprémaciste avait, à cette occasion, affirmé vouloir s’en prendre à la communauté noire de cette ville du Missouri.

Plusieurs membres d’Anonymous avaient estimé que monter une telle opération était un coup de publicité gratuit pour un mouvement par ailleurs en perte de vitesse. Quelques jours avant la publication des noms, une autre liste avait été mise en ligne par des internautes se revendiquant d’Anonymous. Elle comprenait, entre autres, les noms de quatre sénateurs (dont l’un été ouvertement homosexuel et un autre issu d’une famille métissée)... mais s’est révélée fausse. Les responsables d’OpKKK avaient rapidement pris leur distance avec cette initiative, mais la confusion n’a pas amélioré l’image de l’action tout entière.

Au final, cette opération aura surtout fait un grand bruit médiatique pour une organisation raciste qui ne compte, selon le "Southern Poverty Law Center", un observatoire de l’extrémisme dans le sud des États-Unis, pas plus de 8 000 membres aux États-Unis.