L’Égypte a lancé, dimanche, un ambitieux chantier pour percer les mystères des pyramides. Un institut français coordonne cette mission qui fait appel à des technologies de pointe.
Des technologies de pointe pour résoudre des mystères vieux de plus de 4 000 ans. Le ministre égyptien des Antiquités Mamdouh Al-Damati a annoncé dimanche 25 octobre le lancement de Scan Pyramids, une mission scientifique internationale pour en savoir plus sur quatre pyramides, grâce à des procédés qui ne laisseront aucune trace sur ces précieux trésors archéologiques.
L’Égypte a chargé un institut français, l’Héritage, Innovation, Préservation Institut (HIP) de coordonner avec la Faculté des ingénieurs de l’Université du Caire cette mission d’un an, qui concerne deux pyramides du site de Dahchour (la rhomboïdale et la pyramide rouge), et deux autres du site de Gizeh (Khéops et de Képhren).
Sherlock Holmes moderne
“Il n’y a jamais eu de mission de cette ampleur, mélangeant autant de technologies non-invasives et non-destructrices”, assure Mehdi Tayoudi, président de HIP Institut, contacté par France 24. Le programme Scan Pyramids dispose d’un budget d’un peu moins d’un million d’euros pour, peut-être, aider à percer le mystère de la construction de ces gigantesques monuments emblématiques de l’Égypte.
Ces Sherlock Holmes modernes vont braquer des caméras à infrarouge sur les parois des pyramides début novembre. Elles permettront de relever l’empreinte thermique derrière les "murs". Cette opération peut permettre de constater d’éventuelles différences de densité d'un endroit à l'autre du monument, en fonction de la chaleur qui s'en dégage. Une manière de chercher, notamment, de zones vides - moins denses - proches de la surface, qui pourraient indiquer la présence de pièces inconnues jusqu’à présent.
Ensuite, les équipes de Scan Pyramids vont chercher à capter des muons, c'est-à-dire des particules cosmiques présentes naturellement dans l’atmosphère et qui traversent la matière. Plus cette dernière est dense, moins elle laisse passer de muons.
"C'est une technologie qui a été développé au Japon pour, notamment, observer les volcans", explique Mehdi Tayoubi. Lorsqu’il y a des changements sur les relevés près de volcans, cela indique qu’il y a un regain d’activité. Quel rapport avec les pyramides ? S’il y des variations du nombre de muons captés à l’intérieur de Khéops ou dans la pyramide rouge, par exemple, il y a des chances que derrière les murs ou les parois se trouve une anomalie, comme une salle cachée ou une structure jusqu’alors inconnue.
Et Néfertiti, dans tout ca ?
Toutes les données sont ensuite intégrées dans des représentations en 3D les plus fidèles possibles de ces quatre pyramides, réalisées pour l’occasion par des drones armés de capteurs photographiques.
Les équipes de Scan Pyramids n’ont, pour autant, pas pour mission de trancher définitivement la question de la construction de Képhren ou d’en finir avec le mystère de l’anomalie d’une structure à spirale repérée à l’intérieur de la pyramide de Khéops en 1986. “Ces nouvelles données seront transmises aux archéologues et historiens qui pourront en tirer les conclusions qui s’imposent”, souligne Mehdi Tayoudi.
Cette mission s’intéresse d’ailleurs précisement à ces quatre pyramides car “il y a un grand nombre d’hypothèses et de théories qui ont été développées au fil des années à leur sujet”, explique le président de l’HIP Institute. Elles étaient donc des candidates idéales pour un premier programme de cet ampleur.
Le gouvernement égyptien semble à ce point emballé par ce déploiement de technologie au service de l’archéologie, qu’il a déjà demandé à ces ingénieurs d’en faire plus. Les mêmes procédés utilisés sur les pyramides vont aussi été appliqués à la tombe de Toutankhamon. Depuis fin septembre, les autorités égyptiennes soupçonnent la présence de deux chambres secretes derrière la chambre funéraire du jeune pharaon. L’une d’elles pourrait abriter la tombe de la reine Néfertiti. Un muon pourrait-il révéler la dernière demeure de celle qui passe pour l’une des plus belles reines égyptiennes ?