Malgré des ratés au démarrage, aucun incident majeur n'est venu perturber la présidentielle ivoirienne, dimanche. Au vu de la faible mobilisation enregistrée dans de nombreux bureaux de vote, d'aucuns prédisent une abstention importante.
Ce fut long au démarrage. Le coup d'envoi de l'élection présidentielle ivoirienne, dont le chef de l'État sortant Alassane Ouattara fait figure de favori, a connu quelques ratés, ce matin du dimanche 25 octobre. À Abidjan ainsi qu'à l'intérieur du pays, l'ouverture des bureaux de vote, initialement prévue à 7 heures, est intervenue avec deux heures de retard. À Abobo, commune populaire de la capitale économique qui penche traditionnellement pour le parti du président, des électeurs n'ont même pas pu voter avant midi.
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À l'origine de ces cafouillages : la mise en place tardive du dispositif d'authentification numérique destiné à empêcher les fraudes. Afin d'éviter les contestations, la Commission électorale indépendante (CEI) s'était en effet engagée à doter tous les bureaux du pays de tablettes biométriques enregistrant l'identité et l'empreinte digitale de chaque votant. Problème : selon les observateurs de la société civile, quelque 29 % des appareils se sont révélés défectueux. D'autres ne sont jamais arrivés à destination.
Des dysfonctionnements qui, selon le président de la CEI, Youssouf Bakayoko, interrogé par France 24, n'ont eu que peu d'incidences, puisque les assesseurs possédaient également des registres papier.
Hormis ces couacs logistiques, aucun incident majeur n'est venu perturber le premier tour de la présidentielle à laquelle 6,3 millions d'Ivoiriens étaient invités à participer. Le scrutin, qu'une partie de l'opposition a décidé de boycotter, doit permettre à la Côte d'Ivoire de tourner la page des violences de l'élection de 2010, qui s'était soldée par la mort de 3 000 personnes.
"Un début vers la normalité"
"On dit qu'il n'y a pas de suspense, mais cette présidentielle est importante pour la paix. Je suis un homme d'affaires et c'est avec la paix que je peux mener mes activités", a affirmé à France 24 Lazare, un électeur de la commune abidjanaise de Yopougon, réputée acquise au Front populaire ivorien (FPI), le parti de l'ancien président Laurent Gbagbo.
"Cette élection, c'est un début vers la normalité, s'est félicité Serge-Carol à la sortie du bureau de vote du Collège Moderne, dans le quartier d'affaires du Plateau. Pendant longtemps les Ivoiriens se sont enfermés dans leurs querelles. Maintenant, nous devons apprendre à nous donner la main."
À la fin de la journée, nombreux étaient les responsables des centres de vote d'Abidjan à faire état d'une affluence moindre que celle de 2010. Un enthousiasme en demi-teinte qui laisse présager un taux de participation inférieure aux 80 % enregistrés il y a cinq ans. "L’engouement que nous constatons sur l’ensemble du territoire nous fait penser que le taux de participation sera très bon", a toutefois déclaré à la presse Alassane Ouattara au moment de voter.
De son côté, Youssouf Bakayoko s'est refusé à délivrer un chiffre. "Nous sommes encore en train d'évaluer la participation", a-t-il affirmé sur l'antenne de France 24. Avant de préciser : "les électeurs se sont rendus plus nombreux aux urnes dans l'après-midi".
itDes résultats "lundi ou mardi au plus tard"
La mobilisation des électeurs constitue l'un des principaux enjeux de la présidentielle ivoirienne. De l'aveu même de l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, qui dirige la mission d'observation de Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), un taux de participation en-deçà des 50 % entamerait quelque peu la légitimité du vainqueur.
Dans le camp d'Alassane Ouattara pourtant, on ne se cache pas de vouloir faire vite et fort. Depuis le début de la campagne, le président sortant a répété maintes fois qu'il misait sur une victoire dès le premier tour.
Un objectif qu'il considère d'autant plus à sa portée, que trois figures de l'opposition qui s'étaient portées candidates (l’ex-ministre des Affaires étrangères, Essy Amara, l’ex-président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly et l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny), se sont retirées de la course qu'elles qualifient de "mascarade électorale".
Seul véritable challenger d'Alassane Ouattara parmi ses six adversaires en lice, Pascal Affi N'Guessan brigue, quant à lui, la présidence sous les couleurs d'un FPI divisé ; les partisans de Laurent Gbagbo, actuellement détenu à La Haye, ayant décidé de boycotter le scrutin. Selon la Constitution, la CEI a cinq jours pour annoncer les résultats. Mais son président, Youssouf Bakayoko, s'est déjà engagé à les rendre publics "dans les meilleurs délais". "Au plus tard lundi ou mardi", annonçait-il à France 24.