logo

Crise migratoire : l'Allemagne apporte des garanties en échange de l'aide turque

Angela Merkel s'est entretenue, dimanche, à Istanbul avec son homologue turc, pour amener Ankara à agir pour tarir le flux de migrants. En contrepartie de son aide, la Turquie demande notamment l'accélération du processus de son adhésion à l'UE.

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu s'est réjoui d'une "meilleure approche" adoptée par l'Union européenne (UE) en matière d'accueil des migrants, dimanche 18 octobre après un entretien avec Angela Merkel à Istanbul. De fait, la chancelière allemande a apporté son soutien à la plupart des contreparties que réclame Ankara.

"Malheureusement, la Turquie a été laissée seule par la communauté internationale pour supporter ce fardeau. Nous sommes satisfaits qu'ils aient une meilleure approche maintenant. Le progrès constaté en matière de partage (de ce fardeau) est très important", a déclaré Ahmet Davutoglu lors d'une conférence de presse commune au palais de Dolmabahçe, sur les bords du Bosphore.

Une accélération du processus d'adhésion à l'Union européenne

Le sujet principal de sa visite est le "plan d'action" annoncé jeudi par l'Union européenne pour amener Ankara à agir pour tarir le flux de migrants, notamment ceux fuyant la guerre en Syrie, en les gardant sur son territoire.Mais la Turquie, qui accueille déjà plus de deux millions de réfugiés, fait monter les enchères.

Le chef du gouvernement a rappelé, lors d'une conférence de presse commune, que la Turquie souhaitait notamment une accélération du processus d'adhésion de son pays à l'Union européenne ainsi que l’exemption de visas pour les ressortissants turcs souhaitant se rendre dans l'UE.

L'Allemagne, a répondu Angela Merkel, est prête à appuyer la Turquie dans ses efforts pour adhérer à l'UE, en échange de l'aide d'Ankara face au flux migratoire. "L'Allemagne est prête cette année à ouvrir le chapitre 17 [qui concerne la politique monétaire et économique, ndlr] et à préparer l'ouverture des chapitres 23 et 24 [sur les droits fondamentaux et la justice, ndlr]", a-t-elle déclaré.

Une zone de sécurité "nécessaire"

La Turquie a entamé les négociations formelles d'adhésion en 2005 mais en raison de l'opposition de plusieurs membres de l'UE dont Chypre et la France, seuls 14 chapitres de négociations sur un total de 35 ont été ouverts à ce jour et un seul a été clôturé.

Mais si la Turquie est prête à coopérer avec l'Allemagne en échange de ces gestes bienveillants concernant son entrée dans l’UE, elle a réaffirmé la nécessité, défendue depuis plusieurs mois, d'instaurer une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie. Sans cela, les Syriens continueront de fuir leur pays en direction de l’Ouest. Il y a actuellement 2,2 millions de Syriens et 300 000 Irakiens en Turquie.

À l'issue du Conseil européen du 8 octobre, consacré à la crise migratoire, les dirigeants de l'UE se sont mis d'accord sur un "plan d'action" prévoyant, outre l’assouplissement de l'octroi de visas pour les Turcs et une relance des discussions sur l’adhésion de la Turquie, une aide financière estimée à trois milliards d'euros pour la Turquie en échange de sa coopération face à l'afflux de réfugiés vers l'Europe.

Avec Reuters