Un Afghan arrivant de Turquie a été tué en tentant d'entrer illégalement en Bulgarie, jeudi. Le drame coïncide avec l'adoption à Bruxelles d'un "plan d'action commun" entre l'UE et Ankara pour endiguer les flux migratoires.
Un Afghan venant de Turquie a été abattu, jeudi 15 octobre dans la soirée, par des gardes-frontières bulgares en tentant d'entrer illégalement en Bulgarie.
Ce migrant faisait partie d'un groupe de 54 personnes qui a essayé d'entrer dans le pays, selon le gouvernement bulgare. Les clandestins avaient été repérées vers 19 h GMT par une patrouille sur la route près de la ville de Sredets (sud-est), à proximité de la frontière bulgaro-turque, a annoncé Gueorgui Kostov, un haut responsable du ministère de l'Intérieur.
"Ils ont fait preuve de résistance"
Ils "n'avaient pas obéi" à un ordre de s'arrêter de la patrouille de la police, a-t-il précisé. "Aucun des migrants n'était armé, mais ils ont fait preuve de résistance". Interpelés, ils se sont présentés comme des Afghans mais n'avaient pas de papiers, a-t-il ajouté. La patrouille a alors tiré en l'air sans intention de toucher quelqu'un. "Un des migrants a été blessé par un ricochet d'une balle - selon les dépositions d'un des trois policiers - et a succombé à ses blessures sur la route vers l'hôpital", a indiqué le ministère.
Le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (UNHCR) en Bulgarie, Boris Cheshirkov, a qualifié l'incident de "très regrettable". "Ce plan de barrières, clôtures et forces policières ne peut pas résoudre le problème de gens désespérés", a-t-il déclaré à l'AFP. Sofia a fait ériger une clôture de 30 km sur une section de la frontière avec la Turquie et a mobilisé quelque 2 000 policiers, ainsi que des militaires, aux frontières.
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Le drame a conduit le Premier ministre bulgare Boïko Borissov à quitter d'urgence jeudi soir le sommet sur les migrations organisé avec les dirigeants européens à Bruxelles.
Accord entre l'UE et de la Turquie, à quelques détails près
Lors de ce sommet, l'Union européenne a arraché un "plan d'action commun" à la Turquie, porte d'entrée pour des centaines de milliers de réfugiés vers l'Europe, afin d’endiguer les flux migratoires à ses frontières extérieures.
"Nous nous sommes mis d'accord sur le contenu exact de ce plan d'action", a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, à l'issue de la réunion des chefs d'État et de gouvernement européens à Bruxelles. L'annonce de l'accord est intervenue après la visite à Ankara de deux commissaires européens, venus proposer de l'aide à la Turquie pour accueillir plus de réfugiés et lui demander en contrepartie d'accepter davantage de "réadmissions" de migrants irréguliers venant de son territoire.
Si les Européens ont "salué" un plan basé sur "des engagements réciproques", les détails les plus sensibles de l'accord restent à négocier. Selon des sources européennes, la Turquie demande une aide de trois milliards d'euros, un aspect du plan qui doit encore être négocié "dans les jours qui viennent", a souligné Jean-Claude Juncker.
itAfin de répondre aux demandes turques, le "plan d'action" ouvre également la perspective d'un processus plus rapide que prévu pour faciliter l'attribution de visas aux ressortissants turcs voyageant dans l'UE.
Pour Ankara, il s’agit enfin de profiter de cette occasion pour "ouvrir de nouveaux chapitres" des négociations d'adhésion à l'UE et être considéré comme un "pays sûr" (dont les ressortissants ne peuvent a priori pas être considérés comme des réfugiés) par les Européens.
Avec AFP