![Syrie : les premières frappes françaises ont visé un camp jihadiste "occupé et actif" Syrie : les premières frappes françaises ont visé un camp jihadiste "occupé et actif"](/data/posts/2022/07/20/1658329941_Syrie-les-premieres-frappes-francaises-ont-vise-un-camp-jihadiste-occupe-et-actif.jpg)
Six avions français ont bombardé et détruit dimanche matin un camp d'entraînement de l’organisation de l'État islamique près de Deir ez-Zor, en Syrie. Retour sur les premiers raids de l’armée française en Syrie.
La France a "totalement détruit" un camp d'entraînement de l'organisation de l'État islamique (EI), situé dans l'est de la Syrie. Il s'agit des premiers raids aériens français en Syrie, annoncés dimanche par François Hollande, depuis New York où il assiste à l’Assemblée générale de l’ONU. "D'autres frappes pourront avoir lieu si nécessaire", a ajouté le chef de l'État, soulignant que la France avait agi en "légitime défense", pour "protéger" son territoire.
Selon Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes à France 24, les frappes françaises ont précisément visé un camp jihadiste situé à Boukamal, la principale localité frontalière entre la Syrie et l'Irak située dans la province de Deir ez-Zor, aux mains de l’EI. La présence de plusieurs jihadistes français a été signalée dans les combats contre l’armée régulière syrienne, encerclée par l’EI depuis plusieurs mois dans cette région située à 450 kilomètres à l'est de Damas.
"Dans ce bastion jihadiste, il y a avait un camp mis en place il y a plusieurs mois par un Français, précise-t-il. Visiblement, ce camp, qui n’abritait pas uniquement des ressortissants français, a été considéré comme constituant une menace directe par Paris".
De son côté, le ministère français a sobrement indiqué que ce camp était "occupé et actif". Le raid de dimanche, qui a débuté à 6h30 heure française et a duré "environ cinq heures", a été mené à l’aide de cinq Rafale, un appareil de patrouille maritime Atlantique 2 et un avion de ravitaillement C-135, qui ont décollé depuis les bases de l'opération Chammal en Jordanie et dans le Golfe persique, a précisé le ministère dans son communiqué.
Des frappes pour se replacer dans le jeu politico-diplomatique ?
Le choix des cibles reste difficile pour l’armée française, a expliqué le général Vincent Desportes, spécialiste de stratégie militaire, interrogé dimanche sur France 24. "La stratégie de Daech [autre nom de l'EI, NDLR] est de positionner ses centres névralgiques à l’endroit où les dommages collatéraux peuvent être importants, d’où l’importance des reconnaissances qui ont été conduites de manière à déterminer précisément des cibles névralgiques mais non dangereuse pour la population".
Ce types de frappes concerneront le plus souvent "des moyens fixes qui sont soit des postes de commandement, soit des éléments logistiques ou des camps d’entraînement", note de son côté le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU.
D’un point de vue plus général, des experts ont exprimé leur scepticisme quant à l’efficacité de telles frappes, y voyant surtout un message politique à l'attention de l'opinion française, et un moyen de se replacer dans le jeu politico-diplomatique.
"Ces frappes sont beaucoup plus importantes sur un plan diplomatique et politique que militaire", a indiqué le général Vincent Desportes. "Il était extrêmement important que la France prenne cette position, de manière à bien montrer que cette fois elle, est prête à aller jusqu’au bout avec les coalisés américains, russes, britanniques et turcs".
Et de conclure : "La France s’est engagée dans un processus qui va s’accentuer afin de contenir Daech, le temps de trouver une solution pour l’éradiquer définitivement, sachant que ces frappes ne régleront pas le problème à elles seules".