
Des manifestants réclament la libération des prisonniers politiques à Tunis, le 22 novembre 2025. © Anis Mili, AP
Une cour d'appel en Tunisie a prononcé des peines allant jusqu'à 45 ans de prison dans le procès pour complot contre l'État d'une quarantaine de personnes, dont des figures de l'opposition, ont annoncé vendredi plusieurs médias, citant une source officielle.
La majorité des 37 accusés de ce procès – dénoncé comme ayant "des motivations politiques" par des ONG – sont détenus depuis 2023 et poursuivis pour "complot contre la sûreté" de l'État et "adhésion à un groupe terroriste".
Les plus connus sont le chef de la principale coalition d'opposition FSN, Jawhar Ben Mbarek, les dirigeants de partis Issam Chebbi et Ghazi Chaouachi, les politiciens Khayam Turki et Ridha Belhaj et l'homme d'affaires Kamel Ltaief.
Par ailleurs, le président tunisien Kaïs Saïed a qualifié vendredi d'"ingérence flagrante" dans les affaires intérieures du pays une résolution adoptée par le Parlement européen appelant "à la libération" des personnes détenues pour avoir exercé leur liberté d'expression, selon un communiqué officiel.
Libérer "toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression"
En recevant son chef de la diplomatie, Mohamed Ali Nafti, Kaïs Saïed lui a demandé de protester auprès des Européens qui "peuvent apprendre des leçons de notre part dans le domaine des droits et libertés".
Le président tunisien a rappelé avoir déjà convoqué mardi au Palais présidentiel l'ambassadeur européen à Tunis, Giuseppe Perrone, pour "non respect des règles du travail diplomatique", au lendemain d'une rencontre entre ce diplomate et le chef du puissant syndicat UGTT.
Le Parlement européen a voté jeudi une résolution par 464 voix pour, 58 voix contre, appelant à libérer "toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression, y compris les prisonniers politiques et les défenseurs des droits humains", selon le site du PE.
Dans sa résolution, le Parlement européen a cité Sonia Dahmani, une avocate et chroniqueuse connue, appelant à sa libération "immédiate et inconditionnelle".
Sonia Dahmani est sortie de prison jeudi après-midi, après le vote de la résolution et à l'issue d'un an et demi de détention après avoir bénéficié d'une libération conditionnelle. Mais elle reste poursuivie dans plusieurs affaires en vertu d'un décret sur les fausses informations, très critiqué par les défenseurs des droits. Les députés ont réclamé l'abrogation de ce décret.
Avec AFP
