L'amendement du porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre (photo) permettant à un salarié en congé-maladie ou maternité de travailler chez lui, a été retiré après avoir essuyé de vives critiques de l'opposition et de la majorité.
AFP - L'Assemblée a repris mercredi l'examen du texte sur le prêt de main d'oeuvre sur fond de hausse du chômage et dans une ambiance tendue malgré le retrait de l'explosif amendement Lefebvre autorisant le travail pendant un congé maladie.
"J'aurais l'occasion de retirer cet amendement", a déclaré le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, en préambule des débats, estimant que "pour une fois, (il faisait) l'unanimité contre (lui)".
Son amendement -autoriser le télétravail pendant un arrêt-maladie ou un congé maternité- avait été repoussé en commission, désavoué par le gouvernement et critiqué par la gauche, le Front national et une partie de la majorité. Marine Le Pen (FN) a suggéré mercredi au porte-parole UMP de se mettre lui-même "en congé maladie".
M. Lefebvre a estimé que son amendement, qui visait la "protection des salariés", avait "été pris en otage sur le plan politique".
La secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet a "pris acte" du retrait de l'amendement, après l'avoir dénoncé la veille.
Mme Kosciusko-Morizet a répété qu'une comparaison européenne serait faite "dans le cadre du conseil d'analyse stratégique" sur les conditions de mise en oeuvre du télétravail.
Malgré ce retrait, la gauche va voter contre la proposition de loi de Jean-Frédéric Poisson (UMP), intitulée "Faciliter le maintien et la création d'emplois".
Suppléant de Christine Boutin, M. Poisson veut "développer les groupements d'employeurs", "soutenir l'emploi des jeunes et la professionnalisation", "promouvoir le télétravail" et aider "les seniors en difficulté".
Dans le détail, M. Poisson veut "permettre à plusieurs employeurs de recruter un seul salarié chargé d’accomplir des tâches successives et de lutter ainsi contre le temps partiel subi".
Le texte prône aussi "un contrat de professionnalisation destiné aux jeunes, assorti d’un crédit d’impôt de 1.000 euros par salarié embauché pour les entreprises de moins de 50 salariés".
Cette disposition comprend un amendement de Benoist Apparu (UMP) sur la rémunération des stagiaires dès le deuxième mois et non plus le troisième, avec "une indemnisation de 398 euros par mois minimum".
"Il ne s’agit donc pas d’une proposition visant à +détricoter, affaiblir+, et encore moins à +massacrer+, comme je l’ai entendu dire, le droit du travail", avait lancé lundi soir M. Poisson en réponse à la gauche.
Le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Vauquiez avait salué des "nouvelles réponses concrètes, pragmatiques et immédiatement opérationnelles pour sécuriser les parcours professionnels", évoquant la "flexisécurité".
La gauche s'est déchaînée contre un texte émanant directement, selon elle, de l'Elysée.
"A un problème économique majeur, on répond par la déréglementation une fois de plus", a déploré Jean Mallot (PS) rappelant que l'assurance chômage prévoyait désormais 639.000 chômeurs de plus en France cette année.
M. Mallot a accusé l'UMP de vouloir détruire "les frontières du salariat" pour transformer chaque salarié en "un travailleur sans droit, n'ayant qu'un devoir: celui de faire ce qu'on lui demande de faire, c'est à dire un esclave moderne".
Les débats devaient se poursuivre dans la soirée.