La police a expulsé, dimanche soir, un groupe d’une trentaine de sans-abri d’un parc municipal de Saint-Ouen, en île-de-France. Selon plusieurs témoins, il s’agit de migrants syriens. Une version contestée par la police.
Une trentaine de sans-abri ont été évacués d’un parc municipal de Saint-Ouen, dans la banlieue nord de Paris, dimanche 13 septembre. Pas de quoi attirer l’attention, sauf que plusieurs personnes témoignent qu’il s’agit de migrants syriens.
Pour ces derniers, la porte de Saint-Ouen est devenue depuis plus de 18 mois un point de ralliement. Arrivés clandestinement dans l’Hexagone, certains fuyant la guerre qui ravage leur pays se retrouvent dans cette zone en bordure du périphérique, avant d’entamer des démarches de demande d’asile en France ou de tenter de gagner un autre pays européen.
Fadi est franco-syrien. Depuis plusieurs semaines, il vient en aide aux réfugiés. Samedi et dimanche, il se trouvait à la porte de Saint-Ouen, notamment pour évaluer leurs besoins. "Dimanche en début d’après-midi, un groupe de personnes arabophones sont venues proposer leur aide aux Syriens de la porte de Saint-Ouen. Ils sont environ 80 Syriens là-bas, sans abri", raconte-t-il à France 24. "À un moment, l’une de ces personnes émet l’idée que les Syriens devraient se déplacer au square Marmottan à Saint-Ouen, plus central, pour gagner en visibilité. Un groupe d’une trentaine de syriens se laisse convaincre et y va. C’est de là qu’ils ont été expulsés", poursuit-il.
Une version contestée par la préfecture. "Il ne s'agit pas de réfugiés syriens, mais de personnes qui sont accompagnées par des associations qui cherchent à surfer sur la vague", s'est défendu un responsable de la préfecture de Seine-Saint-Denis, cité par l’AFP. Sollicitée, la mairie de Saint-Ouen a déclaré qu’elle n’était pas en mesure de répondre.
Manque d’accompagnement
Fadi, qui assure à France 24 qu’il s’agit bien de Syriens, précise que certains d’entre eux sont Tcherkess (ou circassiens) une ethnie originaire du Causase, dont beaucoup de membres vivent en Syrie. "Ils parlent à la fois arabe et leur langue d’origine et ont pu être confondus avec des gitans", explique-t-il.
Quoi qu’il en soit, il s’interroge sur "le manque de procédures de prise en charge et d’accompagnement pour ces Syriens livrés à eux-mêmes et sans-abri".
Des centaines de réfugiés, principalement des Syriens en provenance d'Allemagne, ont été accueillis la semaine dernière dans plusieurs communes d'Île-de-France, notamment à Cergy. "Là-bas, ils sont logés, on les aide à remplir leurs demandes d’asile et leurs demandes sont traitées rapidement en préfecture, alors que les Syriens de Saint-Ouen attendent parfois depuis un an", s’étonne le jeune homme.
Après la diffusion de la photo du petit Aylan retrouvé noyé sur une plage de Turquie, le président François Hollande a annoncé que la France était prête à accueillir 24 000 réfugiés supplémentaires pendant deux ans.