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L'armée égyptienne tue "par erreur" des touristes mexicains, pris pour des jihadistes

Huit touristes mexicains et leurs accompagnateurs égyptiens tués dimanche en Égypte par les forces de sécurité de ce pays ont été victimes d'une frappe aérienne, a affirmé la ministre mexicaine des Affaires étrangères. Le bilan s'élève à 12 morts.

La police et l'armée égyptiennes ont tué 12 personnes, des touristes mexicains et leurs accompagnateurs égyptiens, alors qu'elles traquaient des jihadistes dans l'ouest du pays, dimanche 13 septembre. La ministre mexicaine des Affaires étrangères, Claudia Ruiz Massieu, estime que ces ressortissants - au nombre de huit - ont été victimes d’une frappe aérienne. Il s'agissait d'une "attaque aérienne avec des bombes lancées d'un avion et des hélicoptères", a-t-elle assuré lors d’une conférence de presse, se fondant sur les témoignages des survivants de cette attaque survenue dans le désert occidental égyptien.

Des déclarations qui contredisent celles faites un peu plus tôt par les autorités égyptiennes. Elles avaient expliqué que les forces de sécurité du pays avaient ouvert le feu par erreur sur ce convoi. "Les forces conjointes de la police et de l'armée, qui pourchassaient des terroristes à Wahat, dans le désert occidental, ont ouvert le feu par erreur sur quatre pick-up qui transportaient des touristes mexicains", a déclaré le ministère de l'Intérieur égyptien dans un communiqué. "Douze personnes ont été tuées et 10 blessées parmi les touristes mexicains et des Égyptiens" qui les accompagnaient, poursuit le ministère, selon qui les victimes étaient dans une zone "non autorisée aux touristes".

Les autorités égyptiennes refusent toutefois de communiquer sur les circonstances de ce drame. Elles n’ont pas précisé le nombre de Mexicains tués, ni le type d’arme utilisé. Interrogé par l’AFP sous couvert de l’anonymat, un haut responsable du ministère du Tourisme a cependant expliqué que les touristes et leurs accompagnateurs ont été pris pour cible par les forces de sécurité au beau milieu du désert entre Le Caire et Bahariya. D’après lui, ils ont quitté la route pour s’enfoncer dans le désert, dans une zone interdite. Un officier de police a également déclaré qu’une opération des forces spéciales était en cours ce jour là à 150km de Bahariya, impliquant des renforts aériens.

Le ministre des Affaires étrangères mexicain a de son côté confirmé la mort d'au moins deux de ses ressortissants, ajoutant que cinq autres Mexicains blessés dans l'attaque avaient été hospitalisés dans un hôpital du Caire, où ils se trouvaient dans un état stable. Le président mexicain Enrique Peña Nieto a condamné l'attaque sur son compte Twitter, demandant au Caire l'ouverture d'une "enquête approfondie".

Lundi matin, "les autorités égyptiennes ont mis en cause le tour opérator" qui organisait le déplacement des touristes mexicains, rapporte Assia Shihab, correspondante de France 24 au Caire.

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L'armée égyptienne tue "par erreur" des touristes mexicains, pris pour des jihadistes

L’armée, cible de l’EI en Égypte

Le désert de l’Ouest égyptien s’étend de la banlieue du Caire jusqu'à la frontière libyenne. Très prisé par les touristes, il est aussi l'un des repaires de groupes jihadistes, dont la branche égyptienne de l'organisation de l'État islamique (EI), qui commet de nombreux attentats contre les forces de sécurité dans tout le pays. "Plusieurs ambassades ont mis en garde et déconseillé à leurs ressortissants de se rendre dans cette région qui est en fait une porte d’entrée vers la Libye", explique notre correspondante.

Dimanche après-midi, l'EI en Égypte avait affirmé dans un communiqué qu'il avait "résisté à une opération de l'armée dans le désert occidental" et "mis en fuite des éléments de l'armée", sans plus de précisions.

Les groupes jihadistes, dont au moins deux assurent être des branches égyptiennes de l'EI – l'État islamique en Égypte et Province du Sinaï de l'État islamique – revendiquent régulièrement des attentats meurtriers visant les forces de l'ordre, en particulier dans la péninsule désertique du Sinaï, dans l'Est, leur principal bastion.

Ces attaques se sont multipliées – y compris en plein cœur du Caire – depuis que l'armée a destitué et arrêté le président islamiste élu Mohamed Morsi le 3 juillet 2013 et que le nouveau pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi réprime dans le sang les partisans du chef de l'État déchu.

Des centaines de policiers et soldats ont été tués dans ces attentats et attaques commandos en plus de deux ans. Les jihadistes assuraient dans un premier temps agir en représailles à l'implacable répression qui s'est abattue sur les partisans de Morsi depuis sa destitution par Sissi, alors chef de la toute-puissante armée.

Avec AFP