Un micro-parti politique a porté plainte contre la Fédération de rugby sud-africaine, estimant que la sélection des Springboks pour la Coupe du monde avait "trop de joueurs Blancs". Une action en justice qui remet sur la table la question des quotas.
"Nous demandons à la justice d’empêcher les Springboks d’aller en Angleterre pour la Coupe du monde de rugby et de leur confisquer leur passeport". La fronde émane d’un micro-parti politique sud-africain, Agence pour un nouvel agenda (ANA), et de son leader Edward Mokhoanatse, qui a officiellement porté plainte lundi 31 août contre la Fédération de rugby sud-africaine (SARU).
Le plaignant explique que l’équipe sud-africaine est "construite sur le principe d'exclusion raciale et sur des critères raciaux", pointant du doigt le fait que seulement neuf joueurs sur les 31 sélectionnés sont "non-Blancs".
La plainte vise directement le ministre des Sports Fikile Mbalula et la Fédération sud-africaine de rugby. Elle doit être examinée par la justice mercredi à Pretoria.
Un sélectionneur pourtant unanimement salué
La démarche tranche avec les avis quasiment unanimes sur les efforts faits par le sélectionneur, Heyneke Meyer, pour construire une équipe compétitive et racialement mixte. Les choix de l’entraîneur ont même été salués par l’ANC, le parti du président Jacob Zuma, et qualifiés de "pas positifs".
Si l’action en justice a peu de chances d’aboutir, elle remet sur le tapis un problème récurrent touchant l’Afrique du sud post-apartheid. Le rugby, traditionnel sport "des Blancs" a été le symbole de la réconciliation nationale lorsque l’équipe d’Afrique du Sud de François Pienaar, capitaine blanc des Springboks, a reçu le trophée de champion du monde des mains de Nelson Mandela, en 1995.
Davantage de joueurs Noirs ne signifie pas plus de métissage sur le terrain
Officiellement, il n’existe pas de loi obligeant les équipes sportives à inclure des joueurs de couleurs dans les équipes nationales sud-africaines. Seule une législation baptisée "Black Economic Empowerment" (BEE) incite fortement les entreprises commerciales et touristiques à donner des avantages à des populations noires, métisses ou indiennes, historiquement défavorisées dans la Nation arc-en-ciel.
Mais dans les faits, et depuis 2006 pour l’équipe des Springboks, le Congrès national africain fait pression sur la Fédération pour que son sélectionneur choisisse entre 7 et 10 joueurs "de couleur" pour la Coupe du monde.
Pour autant, être sélectionné ne veut pas toujours dire être sur le terrain pour ces joueurs. En 2007 certains joueurs noirs et métisses avaient été sélectionnés mais sont restés la plupart du temps sur le banc des remplaçants (un match chacun pour Januarie, Ndungane et Wilemse lors de la Coupe du Monde).