
Dans un témoignage choc publié par "Paris Match", l'acteur Jean-Hugues Anglade, qui se trouvait dans le Thalys attaqué vendredi, a accusé les agents de la SNCF d'être restés insensibles aux appels à l'aide des passagers.
"Nous attendions la mort, et nous n'avions pas le choix." L'acteur français Jean-Hugues Anglade était piégé à bord du train Thalys, dans lequel des coups de feu ont été tirés, vendredi après-midi, par un homme qui s’apprêtait à provoquer un bain de sang.
Il a livré un témoignage choc à l'hebdomadaire "Paris Match" et salué le courage des soldats américains qui ont maîtrisé le suspect. Mais il a surtout accusé les agents du Thalys de s'être enfermés dans la voiture motrice puis d'avoir refusé d'ouvrir aux passagers les appelant à l'aide.
"Nous avons entendu des passagers hurler en anglais : 'Il tire ! Il tire ! Il a une kalachnikov ! J'étais avec mes deux enfants et ma compagne, autour de nous, il y avait une quinzaine de passagers", a confié l'acteur de la série "Braquo".
"Tout à coup, des membres du personnel navigant ont couru dans le couloir, le dos courbé. Leurs visages étaient blêmes. Ils se dirigeaient vers la motrice, leur wagon de travail. Ils l'ont ouvert avec une clef spéciale, puis se sont enfermés à l'intérieur. Le tireur était à quelque dizaines de mètres de nous, dans le wagon numéro 12", a-t-il expliqué.
"Nous étions piégés dans une souricière"
"Nous étions dans la voiture 11, la dernière. L'homme armé venait vers nous, il était déterminé. J'ai pensé que c'était la fin, que nous allions mourir, qu'il allait tous nous tuer (...) Nous étions prisonniers de ce train et il était impossible de s'échapper de ce cauchemar. Nous étions piégés dans une souricière !"
"On cherchait tous une issue, un moyen de s'enfuir, de survivre. J'ai brisé la vitre pour tirer l'alarme pour arrêter le Thalys. Le verre a méchamment entaillé mon majeur jusqu'à l'os, et les machines ont ralenti. Mais nous étions toujours bloqués à l'intérieur", a ajouté Jean-Hugues Anglade.
"Dos au mur. Collés les uns aux autres contre la porte métallique de la motrice. Nous tapions dessus, nous criions pour que le personnel nous laisse entrer, nous hurlions : 'Ouvrez !' On voulait qu'ils réagissent ! En vain... Personne ne nous a répondu. Silence radio", a-t-il accusé.
"Cet abandon, cette détresse, cette solitude, c'était terrible et insupportable ! C'était, pour nous, inhumain. Les minutes paraissaient des heures. J'ai protégé de tout mon corps mes enfants, leur répétant en boucle que tout allait bien."
"Les passagers ne réalisaient pas que ça allait être le carnage. C'était calme et digne. Nous étions totalement à la merci des balles qui allaient nous déchirer les corps... Nous attendions la mort."
Courage héroïque
L’acteur, connu pour ses rôles dans "Subway" et "37°2 le matin", a ensuite tenu à rendre un vibrant hommage aux militaires américains en vacances qui ont neutraliser le suspect. "Puis, un jeune homme, Anthony Sadler, a accouru dans notre voiture, criant que le tireur était maîtrisé par des soldats américains en permission, que tout allait bien."
"Il nous a rassurés, il cherchait des couvertures de survie et une trousse de secours pour les deux blessés graves. Il a tapé à la porte de la motrice, mais sans succès, une fois encore. Nous étions hors de danger."
Et de conclure : "Nous sommes choqués, mais nous sommes en vie, et c'est l'essentiel. Nous étions au mauvais endroit, mais avec les bonnes personnes. C'est un miracle. Nous avons eu une chance incroyable d'avoir ces soldats américains. Je veux rendre hommage à leur courage héroïque, et les remercier, sans eux, nous serions tous morts".
Thalys et la SNCF défendent leur personnel
La directrice de Thalys, Agnès Ogier n'a pas tardé à réagir aux propos de l'acteur. Elle a affirmé, samedi, que les agents de la rame où s'est déroulée l'attaque armée, avaient alerté le conducteur, et que l'un d'eux s'était réfugié avec plusieurs passagers.
"Un agent a senti une balle le frôler. Il est parti, avec cinq ou six voyageurs, se réfugier dans le 'fourgon'", un espace en bout de rame, dans lequel peuvent être rangés des bagages, et qui s'ouvre avec une clé spéciale, a précisé à l'AFP Agnès Ogier. L'agent "a tiré le signal d'alarme qui se trouve dans le fourgon (...). Puis, lorsque le train s'est arrêté, il est sorti pour aller alerter la rame de tête et le conducteur", a-t-elle ajouté.
De son côté, Christophe Piednoël, un porte-parole de la SNCF, a salué le travail des "équipes de la circulation ferroviaire et du conducteur du train, qui ont très vite pris la décision de détourner le train (sur Arras), permettant une arrestation rapide" du suspect.
Avec AFP