Cinq migrants ont été blessés, vendredi, lors de heurts avec la police macédonienne à la frontière grecque. La Macédoine accuse la Grèce d'organiser le passage des clandestins vers son territoire.
La police de Macédoine a lancé vendredi 21 août des grenades assourdissantes sur des migrants qui tentaient de traverser la frontière avec la Grèce pour passer en Europe occidentale. Cinq d'entre eux ont été blessés. Ces heurts illustrent une fois de plus les tensions grandissantes qui agitent l’Europe au sujet de l'immigration clandestine.
Les personnes qui ont tenté de franchir les barbelés dressés par les autorités ont été légèrement blessées, principalement aux jambes, par des éclats des grenades assourdissantes qui ont provoqué une épaisse fumée blanche, selon les journalistes de l'AFP sur place.
L'incident s'est produit sur le chemin entre la localité grecque d'Idomeni et la ville macédonienne de Gevgelija, que les migrants en provenance de la Grèce utilisaient ces derniers jours pour passer illégalement en Macédoine.
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Un groupe d'environ 250 réfugiés syriens, dont des enfants et des femmes, a néanmoins réussi à franchir la frontière durant la nuit et s'est massé à la gare ferroviaire de Gevgelija, où la présence policière a été renforcée.
1 500 migrants de plus en une nuit
À la frontière, les heurts entre policiers macédoniens et les clandestins n'ont duré que quelques minutes, ces derniers ayant mis les enfants et les femmes devant les barbelés pour empêcher de nouvelles violences. Le nombre de migrants coincés dans ce no man's land a augmenté durant la nuit de jeudi à vendredi de 1 500 à quelque 3 000 personnes, selon les journalistes de l'AFP.
Le porte-parole du ministère macédonien de l'Intérieur, Ivo Kotevski, a pourtant assuré que la situation était "stable, sous contrôle et sans le moindre incident enregistré. […] Il n'y a pas eu d'incidents, pas de gaz lacrymogène, rien de ce genre du côté macédonien." M. Kotevski a affirmé également que "la plus grande partie" des réfugiés qui se trouvaient dans la zone entre deux pays étaient retournés en Grèce.
Le gouvernement macédonien, dont le pays se trouve sur la route balkanique utilisée par les migrants, a décrété jeudi l'état d'urgence, une mesure lui permettant de déployer les forces armées dans cette zone pour aider les autorités locales et la police à gérer la "crise". Les militaires n'étaient toutefois pas visibles dans la matinée sur place, mais un convoi était sur la route vers la zone, a-t-on appris de source officielle.
La Macédoine accuse la Grèce de diriger de façon organisée les migrants vers son territoire. Des milliers de migrants sont arrivés ces derniers jours dans le sud de la Macédoine en provenance de la Grèce où environ 160 000 personnes, fuyant surtout des zones de guerre en Syrie, en Afghanistan ou en Irak, sont arrivées depuis janvier, notamment sur les îles d'Égée.
Mur serbe
Ces derniers jours, les migrants se faisaient délivrer par la police locale grecque à la gare des documents temporaires leur permettant de continuer leur périple vers le nord, par la Macédoine et la Serbie, avant d'arriver à la frontière avec la Hongrie, pays membre de l'Union européenne. Celle-ci est pour sa part en train d'ériger une clôture à sa frontière avec la Serbie, pour empêcher les migrants de passer.
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Désormais, "ils ne nous donnent pas de papier", confie un jeune homme, 24 ans, étudiant en biologie à Damas. "Peut-être qu'ils ont l'intention de nous renvoyer vers la Grèce. […] Nous ne voulons pas faire demi-tour. Nous sommes épuisés par la marche et nous sommes épuisés par la situation en Syrie. Nous ne voulons pas faire la guerre. Mon père a été tué par un obus. Je n'ai plus personne là-bas."
M. Kotevski a pour sa part assuré que les migrants qui attendent à la gare pour monter dans un train étaient "traités conformément à la procédure", à savoir qu'ils obtiendront une autorisation de traverser le pays en l'espace de trois jours.
Avec AFP