
La comète Tchouri est attendue cette nuit à son point d'orbite le plus proche du Soleil. Un rendez-vous historique puisque, pour la première fois, l'approche sera scrutée par une sonde, la fameuse Rosetta.
La comète Tchouri a rendez-vous, jeudi 13 août, avec le Soleil comme tous les six ans et demi. Mais pour la première fois, une sonde terrestre, Rosetta, assistera à la rencontre tandis que son robot Philae sera suffisamment à l'ombre pour ne pas avoir trop chaud.
À 2h03, temps universel, soit 4h03 heure de Paris, Tchouri atteindra son périhélie, c'est-à-dire le point sur son orbite qui est le plus proche du Soleil. La comète 67P-Tchourioumov-Guérassimenko, de son vrai nom, sera alors à 186 millions de km du Soleil et à 265 millions de km de la Terre.
"Ce passage au périhélie revêt une grande importance symbolique car c'est la première fois qu'une sonde accompagne une comète depuis son réveil jusqu'à son point le plus proche du Soleil", déclare à l'AFP Nicolas Altobelli, planétologue à l'Agence spatiale européenne (ESA).
À l'approche de l'astre, la comète, constituée de glace, de minéraux et de particules organiques, a vu son activité croître fortement. De son noyau s'échappent des jets de gaz et de poussières de plus en plus intenses, a pu observer la sonde qui escorte Tchouri depuis un an, après un voyage de dix ans dans l'espace pour la rejoindre. "Actuellement, la comète éjecte 300 kilos de gaz - constitué essentiellement de vapeur d'eau - par seconde et jusqu'à une tonne de poussières par seconde", précise Nicolas Altobelli.
Jusqu’à 80 degrés Celsius
Jeudi, le spectacle ne sera toutefois pas garanti. "Nous n'allons pas forcément atteindre le maximum d'activité ce jour-là. Il y a une certaine inertie dans la propagation des ondes de chaleur à l'intérieur du noyau et il se pourrait que la comète ‘dégaze’ un maximum quelques semaines après", avertit le planétologue.
Dans les zones les plus exposées au Soleil, les températures sur la comète pourront atteindre 80 degrés Celsius. Mais le petit robot-laboratoire Philae, qui se trouve sur Tchouri depuis neuf mois, sera à l'ombre et relativement au frais, souligne le DLR, l'agence spatiale allemande. "L'atterrisseur et ses instruments peuvent supporter des températures d'au moins 50 degrés Celsius. Or il se trouve dans une zone où la température ne montera pas plus haut", assure Koen Geurts, ingénieur au DLR.
Les rebonds imprévus du robot lors de son atterrissage en novembre et sa stabilisation entre des rochers dans une zone peu éclairée lui ont sauvé la vie. Sinon, il était condamné à mourir de chaud vers le mois de mars ou avril.
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Philae n'a pas donné de ses nouvelles depuis le 9 juillet, ce qui inquiète les responsables du robot-laboratoire. Ils lui ont quand même envoyé des commandes "en aveugle" afin qu'il puisse éventuellement travailler même si il ne paraît pas en mesure de répondre actuellement.
Priorité à Rosetta
Jeudi, Rosetta, munie de 11 instruments, se tiendra à environ 330 km de Tchouri. Une distance respectueuse, décidée par les responsables de la sonde orbitale pour ne pas lui faire courir de risques. "Dans ces conditions, nous continuons bien sûr à écouter Philae, mais nous ne pensons pas qu'il soit possible d'établir un contact d'aussi loin, ce serait miraculeux !", reconnaît Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au CNES, l'agence spatiale française.
L'objectif de la mission, lancée il y a plus de 20 ans, est de mieux comprendre l'évolution du système solaire depuis sa naissance, les comètes étant considérées comme des vestiges de la matière primitive. "Toutes les molécules organiques nécessaires à l'apparition de la vie sont présentes sur 67P [Tchouri]", relève Nicolas Altobelli.
Les aventures de Rosetta vont se poursuivre. L'Europe a prolongé la mission jusqu'en septembre 2016 et envisage de "poser" le moins rudement possible la sonde sur la comète pour clore de façon spectaculaire l'aventure scientifique.
Avec AFP