La Russie a demandé aux Nations unies de lui accorder la souveraineté sur plus d'un million de kilomètres carrés dans l'Arctique. Une extension de son territoire qui pourrait être économiquement très lucratif.
La Russie veut étendre son territoire sur quelques 1,2 million de kilomètres carrés dans l'Arctique. Moscou en a officiellement fait la demande, mardi 4 août, à la Commission de l'ONU travaillant sur les limites du plateau continental.
Le Kremlin revendique une portion de la dorsale de Lomonossov et de celle de Mendeleïev, deux territoires qui se situent au delà des 200 milles marins (environ 350 kilomètres) au large des côtes russes sur lesquelles le pays exerce déjà sa souveraineté.
La demande russe vise à démontrer que ces 1,2 million de kilomètres carrés sont, en fait, des extensions naturelles du continent eurasien et doivent à ce titre lui être rattachés. Moscou avait déjà fait une requête similaire en 2001. Mais les experts onusiens avaient alors exigé que la Russie apporte des preuves scientifiques supplémentaires pour appuyer sa revendication.
Plusieurs expéditions scientifiques russes ont été menées depuis lors pour tenter de satisfaire l'ONU. La plus célèbre d'entre elle reste la plongée record à plus de 4 000 mètres sous la calotte glacière effectuée en 2007. Les Russes qui se trouvaient à bord du submersible avaient profité de l'occasion pour déposer un drapeau russe au fond de l'océan arctique.
Appétits économiques
Ce geste avait suscité un émoi particulier dans les différents pays qui ont aussi des visées territoriales sur cette partie du globe. Des scientifiques américains avaient même, en 2008, soutenu que l'exploit n'avait rien de russe car tous les travaux préparatoires avaient été faits par des experts américains.
Le Canada, qui lorgne également sur le territoire autour de la dorsale de Mendeleïev, affirme qu'il s'agit, en réalité, d'une extension du continent américain, et le Danemark soutient que c'est un prolongement naturel du Groenland. Ce dernier pays a, d'ailleurs, demandé en décembre 2014 à l'ONU de reconnaître sa souveraineté sur une portion de l'arctique qui chevauche, en partie, les territoires que voudrait récupérer la Russie.
Ces luttes territoriales sont motivées par des appétits très économiques des uns et des autres. L'Arctique est, en effet, censé abriter la moitié des gisements de pétrole et de gaz qui n'ont pas encore été découvert. La Russie estime que les territoires qu'elle convoite sont riches de 594 gisements de pétrole, 159 de gaz et 350 d'or. Il pourrait également y avoir deux importants gisements de nickel.
Des projets que dénonce notamment l'ONG écologiste Greenpeace : "La fonte des glaciers dans l'Arctique met à nu une mer nouvelle et vulnérable, mais certains pays comme la Russie et la Norvège veulent la transformer en future Arabie saoudite. À moins d'agir, cette région pourrait se voir remplie de plateformes pétrolières et de flottes de navires de pêche".
Et Moscou n'a pas seulement des projets économiques pour l'Arctique. L'armée russe y fait des manœuvres militaires et l'État major travaille au développement de la Flotte du Nord qui pourrait profiter d'une extension du territoire russe en Arctique. En outre, la fonte des glaciers pourrait ouvrir de nouvelles routes maritimes pour le commerce pendant l'été dès 2050, selon certaines études scientifiques.
Avec AFP