L'ex-courtier Tom Hayes a écopé, lundi, d'une peine de 14 ans de prison pour manipulations présumées du marché des taux interbancaires du Libor. Il devient ainsi la première personne physique à être condamné dans le cadre du scandale du Libor.
Il a été l'un des traders vedettes des banques UBS et Citigroup avant de devenir, lundi 3 août, la première personne physique a être condamnée dans le cadre du scandale du Libor. Le Britannique Tom Hayes, surnommé le "Machiavel du Libor" par les enquêteurs, a écopé de 14 ans de prison pour manipulations présumées du marché des taux d'intérêt Libor. L'ex-courtier de 35 ans a été reconnu coupable de huit chefs d'accusation de tentative d'escroquerie après un procès de neuf semaine et sept jours de délibérations.
Il avait été arrêté en décembre 2012, soupçonné par les enquêteurs britanniques et américains d'être l'un des chefs d'orchestre d'une vaste escroquerie financière impliquant des traders de plusieurs banques importantes sur une période de quatre ans, entre 2006 et 2010. Il a été accusé d'avoir persuadé, parfois à l'aide de pots-de-vin, d'autres courtiers à l'aider à manipuler les taux d'intérêt pour en tirer des bénéfices.
"Machiavel du Libor" ou "Rain Man" boursier ?
Depuis son arrestation, Tom Hayes est devenu le visage du scandale du Libor (London interbank offered rate). Il s'agit d'une vaste affaire d'entente entre acteurs des marchés pour truquer cet indicateur qui sert de référence pour fixer le cours auquel s’échangent par an plus de 350 000 milliards de dollars de produits financiers de par le monde. Le Libor est le plus important taux interbancaire au monde et 16 banques - dont la Société générale, le Crédit agricole et BNP Paribas - participent à sa fixation.
Le scandale avait éclaté en juin 2012 lorsque la banque Barclays avait accepté de payer une amende de 365 millions d'euros pour mettre un terme aux enquêtes dilligentées contre elle aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Depuis lors, 21 personnes ont été inculpées et des banques parmi les plus puissantes au monde (Deutsche Bank, RBS, JP Morgan etc.) ont versé près de 9 milliards de dollars d'amendes.
Tom Hayes, de son côté, a toujours plaidé non coupable affirmant qu'il n'avait jamais caché ses pratiques à ses supérieurs. Il s'est, aussi, défendu d'être un "Machiavel du Libor" et s'est présenté comme un "courtier obsédé par les chiffres", qui essayait juste de bien faire son travail. Les avocats de la défense ont d'ailleurs fait valoir plusieurs récits de collègues qui le dépeignent comme "différent", une sorte de "Rain Man" boursier, d'après le "Financial Times".