
La Corée du Nord confirme, ce lundi, avoir mené un essai nucléaire souterrain. Un nouveau tir "fermement" condamné par Barack Obama qui appelle la communauté internationale à agir.
Faisant fi des pressions internationales, la Corée du Nord a annoncé, ce lundi, avoir mené depuis Kilchu, dans le nord du pays, un nouvel essai nucléaire "avec succès". Selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, Pyongyang a également confirmé avoir procédé à trois nouveaux tirs de missiles de courte portée.
La Corée du Sud a été le premier pays à annoncer ce nouvel essai - le deuxième depuis 2006 - après avoir détecté, à 02h54 (GMT+2) près du site présumé du test, une secousse de magnitude 4,7 sur l’échelle de Richter, selon les estimations de l'Institut américain d’études géologiques. Pyongyang a ensuite confirmé cette information. "La République populaire démocratique de Corée a conduit avec succès un nouvel essai nucléaire souterrain, le 25 mai, dans le cadre des mesures de renforcement de la dissuasion nucléaire", a déclaré l'agence KCNA. Ce test a été "mené à un niveau plus haut en termes de puissance explosive et de technologie de contrôle", a-t-elle ajouté.
Pour Nathalie Tourret, correspondante FRANCE 24 à Tokyo, cet essai est un défi lancé au reste du monde. "La Corée du Nord présente avec fierté son essai réussi", commente-t-elle. Les experts internationaux doivent déterminer si ce deuxième essai a été réussi. Le premier essai, effectué en octobre 2006, n'avait été considéré que comme un demi-succès.
Par ailleurs, "trois missiles sol-air d'une portée de 130 km ont été tirés depuis Musudan-ri, dans le canton de Hwadae", a indiqué Yonhap, citant une source diplomatique. Musudan-ri est un site de la côte nord-est de la Corée du Nord. Une information confirmée par Pyongyang.
Vives tensions
Ce nouvel essai n’est pas une surprise pour la communauté internationale. La tension est vive depuis le 13 avril dernier, date de la condamnation de la Corée du Nord par le Conseil de sécurité de l'ONU à la suite d’un tir de fusée balistique effectué le 5 avril au dessus du Japon. La Corée du Nord avait expliqué que ce lancement devait servir à placer un satellite de communication en orbite. Mais la communauté internationale y a vu un tir de missile déguisé.
Le Conseil de sécurité avait également renforcé les sanctions mises en place à l’encontre de Pyongyang en 2006. En réponse à cette condamnation, la Corée du Nord avait annoncé son retrait des négociations à Six (Russie, Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Japon et Chine), l'arrêt de sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et la réactivation de ses installations nucléaires.
Réunion d’urgence au Conseil de sécurité cet après-midi
A la demande du Japon, le Conseil de sécurité des Nations unies va se réunir, ce lundi à 20h (GMT+2), pour débattre du nouvel essai nucléaire nord-coréen, a annoncé le représentant permanent de la Russie à l'ONU, Vitali Tchourkine. Le secrétaire général du cabinet japonais, Takeo Kawamura, a qualifié cet essai d'inacceptable, parlant d’une "violation des résolutions de l'ONU". Pour sa part, la Russie se dit "inquiète", tandis que Londres évoque une "violation flagrante". La France, qui condamne fermement ces essais, demande au Conseil de sécurité des Nations unies de "prendre les sanctions les plus fermes vis-à-vis de la Corée du Nord".
De son côté, le président américain, Barack Obama, a déclaré que les ambitions nucléaires de la Corée du Nord représentaient une "menace pour la paix". Et appelé la communauté internationale à adopter de nouvelles mesures. La Corée du Nord profite des dissensions qui règnent au Conseil de sécurité de l’ONU, estime Emmanuel Saint Martin, correspondant à Washington pour FRANCE 24. "Car la Chine s’oppose systématiquement aux sanctions" visant Pyongyang, indique-t-il.
Pour Nathalie Tourret, le chef de l’État nord-coréen, Kim Jong-il, cherche surtout à asseoir son autorité, notamment à la tête de la Commission nationale de défense, après avoir souffert l'an dernier de problèmes de santé - le dictateur aurait eu une crise cardiaque en août dernier. "Tout est dit dans son communiqué : Il faut renforcer la défense nationale contre les forces hostiles à l’extérieur", analyse la journaliste.