Les nouveaux résultats scientifiques de l'exploration de la comète Tchouri ont révélé des caractéristiques inattendues, dont la présence de quatre molécules organiques, des briques de la vie, jamais observées sur ces petits corps célestes.
C’est une découverte qui pourrait faire avancer la recherche "sur l’origine de la vie", s’est enthousiasmé Jean-Pierre Bibring, professeur à l'Université Paris-Sud, responsable scientifique de Philae. Les analyses des informations envoyées en novembre 2014 par le petit robot, posé sur la comète Tchouri à 186 millions kilomètres de la Terre, se sont révélées surprenantes : selon ces résultats, le sol de la comète contient quatre molécules organiques, jamais observées auparavant sur ces petits corps célestes.
"On découvre quasiment tout ce qu'on ignorait avant sur un noyau cométaire", a expliqué Jean-Pierre Bibring. "Et rien de ce qu'on voit ne correspond réellement à ce qu'on pouvait imaginer d'une comète, depuis sa structure globale et à petite échelle aux propriétés physiques et à sa composition", a-t-il précisé dans un entretien téléphonique avec l'AFP.
Les quatre molécules détectées sur la comète sont, entre autres, du méthyle et de l'acétone, des précurseurs de molécules importantes pour la vie comme les sucres et les acides aminés. Elles entrent donc dans une chaîne d'évolution chimique pouvant aboutir à la formation de briques élémentaires de la vie, précise le scientifique.
Plus de communication depuis le 9 juillet
Au total, seize composés ont pu être identifiés qui se répartissent en six classes de molécules organiques dont des alcools et des amines. Ces observations donnent un aperçu des processus chimiques qui se produisent dans un noyau cométaire et même déjà dans le nuage de poussière qui a donné naissance au système solaire il y a 4,6 milliards d'années, selon ces astronomes.
La trajectoire de Philae et les données enregistrées par ses instruments au moment du contact avec la comète Tchouri, montrent une surface granuleuse ou dure selon les endroits. L'intérieur paraît plus homogène que prévu, selon un radar à bord du robot qui a pu pénétrer le noyau de cinq kilomètres de diamètre. Ces observations confirment aussi une forte porosité estimée de 75 à 85 %.
Les photos et mesures ont pu déterminer la position de Philae qui repose dans un fossé, couché sur le côté avec seulement deux de ces trois pieds en contact du sol. Le module est entouré de parois qui compliquent son alimentation en énergie solaire et ses communications avec Rosetta. Après son arrivée le 12 novembre, elle a pu fonctionner pendant 60 heures avant de s'endormir, faute d'un ensoleillement suffisant pour recharger ses batteries solaires. Elle s'est réveillée le 13 juin après sept mois d'hibernation alors que la comète se rapprochait du soleil.
Depuis le 9 juillet, le robot n’a plus communiqué avec Rosetta qui se trouve assez loin, à 200 kilomètres, pour éviter les jets de gaz et de poussière. Lors de son huitième et dernier contact, Philae a communiqué plus longuement en transmettant des données. Mais la qualité de la communication n'a pas permis aux scientifiques de transmettre des commandes au robot pour faire fonctionner les instruments. "Philae n'est pas mort mais reste très efficacement en survie", a insisté jeudi le professeur Bibring.
Avec AFP